Suppressions de postes : après la France, Sanofi-Aventis s'attaque à l'Europe

Le mouvement a démarré en toute discrétion en fin d'année dernière. En Europe, Sanofi-Aventis regroupe ses filiales en « plates-formes » régionales : fusion des pays du Benelux, regroupement de la Suisse et de l'Autriche avec l'Allemagne, rapprochement du Royaume-Uni et de l'Autriche ainsi que celui de l'Espagne et du Portugal... Au total, le laboratoire tricolore ne comptera plus que dix filiales européennes, contre plus d'une trentaine jusqu'ici. « Officiellement, la direction veut gagner en efficacité mais il s'agit surtout d'économiser des frais de structure », indique un syndicaliste alors que le groupe est confronté à une période délicate - perte de ses grands brevets et absence de nouveaux médicaments.Le Portugal le plus touchéMais ces réorganisations ne sont pas indolores pour les salariés. « Nous avons répertorié plus de 700 suppressions de postes en Europe [hors France] depuis le mois de décembre 2010 », indique à « La Tribune » une source syndicale. En proportion, le pays le plus touché est le Portugal, avec 140 postes supprimés sur 280. L'Allemagne, troisième pays d'implantation de Sanofi (8.700 salariés), est aussi largement touchée : 277 suppressions prévues. Les Pays-Bas, l'Espagne ou encore la République tchèque et la Hongrie sont concernés. Toutes les fonctions sont touchées, au premier rang desquelles la visite médicale : elle représente 251 des 277 voués à disparaître en Allemagne. La production (cession de l'usine d'Alcorcon près de Madrid au sous-traitant Famar en janvier) et la recherche (fermetures d'une unité préclinique près de Francfort et d'une autre à Bucarest) ne sont pas en reste. Quant aux fonctions supports (la paie notamment), elles commencent à être externalisées en Roumanie.« À terme, nous craignons que Sanofi ne tourne le dos à l'Europe », s'alarme un syndicaliste qui souligne que « des questions se posent sur l'avenir du centre de recherche de Milan ». Pour d'autres, ces évolutions sont plus que nécessaires : « Nous sommes le seul des grands laboratoires à avoir conservé tous nos salariés au moment de la fusion avec Aventis ! » soulignait récemment le responsable des opérations globales de Sanofi, Hanspeter Speck. En 2010, l'Europe occidentale a représenté moins de 30 % des 30,4 milliards d'euros de ventes du laboratoire, qui emploie près de 55.000 salariés (54 % de ses effectifs totaux) sur le Vieux Continent, dont la moitié hors de France. Il y compte plus de 20 usines et 9 centres de recherche.Les syndicats reprochent à la direction d'annoncer ses décisions pays par pays alors que le mouvement est « transnational ». La réorganisation est l'un des volets du plan Transforming, mis en place par le directeur général Chris Viehbacher au printemps 2009. Objectif : passer d'un laboratoire pharmaceutique à une « entreprise de santé » capable de vendre aussi bien des médicaments traditionnels que des génériques et des produits sans ordonnance. Le groupe vise 2 milliards d'euros d'économies dès cette année.Les syndicats espèrent jouer la montre en refusant de rendre les avis demandés dans les comités d'entreprise nationaux. Mais « s'organiser au niveau européen est plus complexe », reconnaissent-ils. Contactée, la direction de Sanofi n'a pas répondu à nos sollicitations.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.