Le monde judiciaire veut exprimer son ras-le-bol

Magistrats, greffiers, avocats, personnel de l'administration pénitentiaire... Fait rarissime, vingt organisations et associations du monde judiciaire appellent à une journée de mobilisation le 9 mars. Une manifestation nationale démarrera à 14 h 30, du palais de justice de Paris pour se terminer à proximité du ministère de la Justice. « Nous partons d'un constat commun : le ras-le-bol est général. Il y a notamment de plus en plus de lois sans moyens », souligne Virginie Duval, secrétaire nationale de l'Union syndicale des magistrats (USM, modéré).De fortes inquiétudes rassemblent tous les professionnels. Ils veulent tout d'abord défendre la qualité du service public. Or le budget de la justice en France reste l'un des plus faibles d'Europe. « Dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), il y a une vraie casse du service public. Des décisions sont prises sur le plan budgétaire qui empêchent les services de fonctionner », pointe du doigt Marie-Blanche Régnier, vice-présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche). Pour les organisations appelant à manifester, la fermeture annoncée d'une vingtaine de services pénitentiaires d'insertion et de probation pour réaliser des économies va à l'encontre d'un service public de proximité. Sans oublier que la réforme brutale de la carte judiciaire reste bien présente et que les difficultés de sa mise en oeuvre pèsent sur les magistrats et le personnel des tribunaux.Les conditions de travail se sont également détériorées dans le fonctionnement de la justice pénale. « On demande toujours des statistiques et des rapports aux parquetiers. Ils n'ont pas le temps de faire leur travail à fond », s'inquiète Virginie Duval. Et la réforme de la procédure pénale ne fait que renforcer les inquiétudes sur les atteintes à l'indépendance de l'autorité judiciaire.DéceptionLa concertation lancée sur l'avant-projet de loi n'a pas du tout rassuré l'USM et le SM, puisqu'un dialogue sur l'indépendance du statut du parquet est écarté par la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. « C'est la construction d'une maison sur des fondations viciées à la base », estime Marie-Blanche Régnier. Pas hostile sur le principe à la suppression du juge d'instruction, la Fédération nationale des unions de jeunes avocats (Fnuja) reste toutefois déçue par le texte proposé. « Il faut que le contradictoire soit respecté du début jusqu'à la fin de la procédure », insiste son vice-président, Stéphane Dhonte. Une délégation des manifestants devrait être reçue à la chancellerie. Des actions locales ne seraient pas non plus à écarter. Frédéric Hasting
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