Nicolas Sarkozy oppose l'économie agricole à l'écologie

L'économie est-elle redevenue l'ennemie de l'écologie ? À en croire les propos du président Sarkozy, samedi, lors de son passage au Salon de l'agriculture, à Paris, l'économie agricole ne ferait plus bon ménage avec les mesures environnementales. « Il faut que nous changions notre méthode de mise en oeuvre des mesures environnementales en agriculture », a-t-il lancé lors d'une table ronde qui concluait sa visite du salon. « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement. Parce que, là aussi, ça commence à bien faire », a-t-il ajouté. Tout en précisant, dans la foulée, qu'il ne renonçait pas « à l'ambition de mettre la France au premier plan des pays qui construiront une économie durable et une agriculture durable ».Les écologistes ont immédiatement assimilé ce discours à un renoncement aux engagements du Grenelle de l'environnement. « Sarkozy envoie des signaux aux agriculteurs avant les régionales. Mais opposer environnement et agriculture est tout à fait contraire à l'esprit du Grenelle, qui avait justement voulu les réconcilier », juge Arnaud Gossement, du réseau Environnement et droit, ex-porte-parole de France nature environnement (FNE). « C'est le retour du double langage : on commence par dire qu'on croit à une agriculture durable et quelques secondes plus tard, on la démolit. C'est une remise en cause du Grenelle et même une trahison », estime, pour sa part, Lylian Le Goff, chargé chez FNE des questions agricoles et alimentaires. « Le masque vert de Sarkozy est tomb頻, a lâché la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot.Bien qu'il faille sans doute les nuancer au regard de la situation catastrophique que traversent les agriculteurs, les propos du chef de l'État traduisent un virage politique. Lors du Grenelle de l'environnement, en octobre 2007, il avait insisté sur sa volonté de combattre « une agriculture qui épuise nos sols, qui utilise de façon croissante des produits chimiques dangereux ». Et pour bien marquer sa volonté de rupture en la matière et son désir de favoriser des productions agricoles de qualité, il avait prévenu : « Ce que l'on ne fera pas par la volonté, eh bien nous, on va y inciter par l'obligation. »temporiserSes déclarations ont enterré cette politique de coercition. Confronté à des élections régionales qui s'annoncent comme un avertissement politique, le président de la République a fait son choix : temporiser et lâcher du lest à un électorat qui compte parmi les plus fidèles de la droite, au détriment d'une politique qui séduit d'abord les « bobos anti-Sarko ». Rémy J
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