Michel Barnier audite le marché des dérivés de crédit

Qui achète des « credit default swaps » (CDS) ? Ce produit est-il utilisé pour couvrir un risque ou pour spéculer ? Le marché des CDS et celui de la dette sont-ils interconnectés ? C'est pour répondre à ces questions que Michel Barnier, le commissaire européen au Marché intérieur et aux Services financiers a convoqué, vendredi dernier, régulateurs et banques centrales, participants de marché, dont les hedge funds, et agences de notation pour une réunion technique. Car une fois de plus, au tournant des difficultés de la Grèce et de la spéculation qu'elles ont provoquées, le marché des CDS cristallise les inquiétudes des autorités.Le « credit default swap » est un contrat financier de couverture par lequel un vendeur de protection s'engage, moyennant la réception d'une prime, à dédommager l'acheteur en cas de défaut d'un émetteur de dette. Que cet émetteur soit un État ou une entreprise. gigantesque bulleAu plus fort de la crise financière, les autorités ont découvert l'ampleur de ce marché opéré de gré à gré (jusqu'à 62.000 milliards de dollars de couvertures brutes en 2007). Les difficultés d'AIG, la chute de Lehman Brothers, ont mis en lumière le risque de contrepartie. Depuis, les États-Unis et l'Europe tentent de sécuriser les transactions en organisant le recours à des chambres de compensation qui font office d'intermédiaire.Reste l'aspect spéculation. « Nous avons besoin de décider s'il y a des problèmes inhérents au marché des CDS », explique-t-on à Bruxelles. Le prix du CDS est-il le reflet du risque de défaut d'un émetteur ? Donne-t-il une information trompeuse, obligeant l'émetteur à mieux rémunérer ses obligations ? Les États veulent le savoir. Paris et Berlin ont appelé ces dernières semaines à une meilleure régulation du marché des CDS souverains, « un marché étroit aux mains de peu d'opérateurs ». L'idée d'interdire l'utilisation de ces contrats à des fins spéculatives a fait surface. Limiter l'accès des CDS aux seuls détenteurs d'obligations pourrait en être le moyen.L'Isda, l'Association internationale des dérivés, rappelle toutefois que les CDS « peuvent être utilisés pour couvrir des investissements financiers, industriels ou immobiliers dans un pays » sans avoir accès au marché obligataire souverain. En outre, « les volumes sur les CDS d'État ne représentent qu'un faible pourcentage des volumes de transactions sur la dette. Il est donc difficile de conclure que le plus petit marché dicte les niveaux de prix au plus important ». Organiser la transparence au- delà des statistiques hebdomadaires fournies par l'américain DTCC permettra d'y voir plus clair. Les discussions de vendredi devraient aider Bruxelles à alimenter ses propositions d'encadrement des dérivés, vers l'été. Christèle Frad
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