La course aux oscars reste très masculine

Kathryn Bigelow ou James Cameron ? « Démineurs » ou « Avatar » ? Dans la nuit de dimanche à lundi, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences a tranché entre les deux favoris aux oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film. Le fait que ces deux réalisateurs aient été mari et femme a mis du piment dans la compétition, tandis que les parieurs en ligne jouaient « Démineurs » gagnant. deux facettes du cinémaQuoi qu'il en soit, la nomination d'une femme pour l'oscar du meilleur réalisateur demeure exceptionnelle dans l'histoire : c'était la quatrième fois en quatre-vingt-deux éditions. Et ni Sofia Coppola (« Lost in Translation », 2004), ni Jane Campion (« La Leçon de piano », 1994), ni Lina Wertmüller (« Pasqualino », 1975) ne l'ont emporté. D'habitude, les seules femmes à l'honneur lors de la grande fête annuelle au Kodak Theater de Los Angeles se disputent le titre de meilleure actrice, comme Sandra Bullock et Meryl Streep cette année.Mais, au-delà d'un homme et d'une femme, la bataille entre « Démineurs » et « Avatar » opposait surtout deux facettes du cinéma américain. D'un côté, un drame de guerre au style documentaire mettant en scène des soldats américains en Irak, avec un budget plutôt modeste - 15 millions de dollars - et à peine 20 millions de recettes au box-office. De l'autre, un film de science-fiction en relief faisant appel aux dernières innovations du cinéma numérique, au budget colossal d'au moins 300 millions de dollars, ayant déjà accumulé des recettes records de plus de 2,5 milliards. D'un côté, la production indépendante. De l'autre, la machine hollywoodienne et la puissance de la Fox.La course aux oscars illustre le fossé qui se creuse aux États-Unis entre ces deux secteurs. À l'exception de Sony et de Fox qui ont gardé une filiale autonome dédiée aux oeuvres indépendantes (Sony Classics et Fox Searchlight), les majors d'Hollywood s'en sont désengagées, préférant concentrer budgets de production et de marketing sur quelques gros films visant en priorité le jeune public. Une situation qui raréfie les écrans disponibles pour les films indépendants, quand ils arrivent à se financer. « Démineurs », avec moins de 13 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord, est l'un des films les moins vus jamais nominé aux oscars. Sorti en juin 2009, il avait quitté l'affiche, avant d'être reprogrammé, depuis sa nomination, dans une centaine des salles seulement. En doublant cette année le nombre d'oeuvres nominées, en y mêlant blockbusters en relief produits par les grands studios (outre « Avatar », « Là-haut » de Pixar) et films indépendants, comme « Precious » ou « An Education », les oscars ont donné leur chance à ces deux formes cinématographiques. Mais avec un effet limité sur le public. En 2009, les cinq films finalistes avaient récolté 146 millions de dollars de recettes, entre leur nomination et le week-end de la cérémonie. Cette année, les dix oeuvres nominées ont, sur la même période, réalisé 135 millions de dollars d'entrées... dont 111 millions pour le seul « Avatar ». Et c'est derrière les films à gros budgets que les réalisatrices se font les plus rares. Malgré Kathryn Bigelow, Hollywood reste à conquérir pour les femmes.
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