« Les femmes apportent une double diversité »

Professeur d'université, économiste, Béatrice Majnoni d'Intignano a été l'une des premières femmes à intégrer un conseil d'administration, avant la loi Copé-Zimmermann sur la parité. Élégante, posée, Béatrice Majnoni d'Intignano a le succès modeste lorsqu'elle évoque son rôle de pionnière dans un conseil d'administration. Pourtant, elle a été l'une des premières femmes à intégrer un tel cercle, dès 1997. Mieux, elle a été l'une des rares femmes administrateurs de deux conseils d'entreprises du CAC 40 en même temps, aux AGF et à Air Liquide. Pas question pour elle d'être impressionnée, cependant. « J'ai l'habitude de parler devant des étudiants », souligne-t-elle. Alors les hommes des conseils d'administration ont, eux, vite pris le pli de l'écouter. D'autant qu'elle ne cache pas ses opinions. « J'ai milité pour une présentation claire des rémunérations des dirigeants avant que ce ne soit la mode et, aujourd'hui, pour la promotion d'un actionnariat significatif des salariés », se félicite-t-elle. Si elle est satisfaite de la loi votée, à l'initiative de Jean-François Copé et Marie-Jo Zimmermann, sur la parité dans les conseils d'administration - « parce qu'il faut bien donner un coup de pied dans la fourmilière quand le retard est trop grand » -, elle se demande néanmoins si les entreprises sont préparées. S'il existe bien un vivier potentiel (juristes, économistes, professeurs d'université, chercheuses) de nature à apporter la diversité nécessaire aux entreprises, encore faut-il repérer ces talents. « Les femmes ne sont pas toujours sur le devant de la scène », relève encore Béatrice Majnoni d'Intignano. Pourtant, elle a confiance. « De nombreuses sociétés, dont Air Liquide, font des efforts pour faire émerger les femmes et les inclure, d'abord dans le management, puis dans les comités exécutifs, afin de leur donner l'expérience nécessaire à une contribution essentielle aux conseils d'administration », dit-elle. Car les femmes apporteront une double diversité, celle du « genre », bien entendu, mais aussi, et surtout, celle de l'expérience, avec des points de vue différents. C'est cette perspective qui l'intéresse. La question du « rôle model » l'interpelle également. Elle se souvient d'un dîner, à l'initiative des femmes cadres d'Air Liquide. « Fascinant. J'ai découvert tous leurs métiers. Et le fait que je sois au conseil a permis à ces femmes, ingénieurs et autres, de se sentir elles-mêmes valorisées », souligne-t-elle. Lysiane J. Baudu
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