Mais où nous emmène-t-il ? Tout au long des premiers chapitres, le lecteur se demande à quelle démonstration veut parvenir Rafik Smati dans son « Éloge de la vitesse ». L'ouvrage démarre par une attaque en règle contre la génération du baby-boom, présentée comme démunie face aux outils de communication actuels et soupçonnée de vouloir « ralentir la dynamique d'accélération qui est à l'oeuvre pour préserver ses propres intérêts ». Il se poursuit par des considérations sur le désordre croissant de notre univers (l'entropie des physiciens) qui touche tous les domaines, de l'économie à la politique, et aboutit à cette accélération du temps ressentie par tous. Il arrive enfin à la description de cette fameuse « génération texto », qui a toujours connu Internet et a développé un « mode de pensée qui fait abstraction de toutes les nuances et subtilités que nous permettent aujourd'hui nos langues ». Une jeunesse adepte du zapping, y compris en politique, multiculturelle et multipolaire, avide de découvertes. À l'opposé donc de la génération « complots » des baby-boomers (qui en prend décidément pour son grade...). Entre les deux, la génération des 30-40 ans, à laquelle appartient l'auteur (à laquelle il s'adresse aussi ?), a pour mission de canaliser cette énergie des plus jeunes en lui redonnant le goût de la réflexion. De l'aider aussi - puisque la vitesse d'acheminement des informations est l'élément majeur qui a structuré nos modes d'organisation - à réinventer un mode de développement davantage axé sur le local (les campagnes les plus reculées peuvent désormais être interconnectées) et la solidarité entre les peuples. En un mot, à créer une nouvelle forme de démocratie. Rafik Smati brasse large, trop peut-être, mais il nous fait réfléchir sur ce temps qui passe. Utile, donc. O. E.

latribune.fr

07 Avr 2011, 21:26

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