Défense : la France veut se doter d'un drone Male armé

C\'est une décision ferme et irrévocable. A terme, la France veut s\'équiper d\'un drone de surveillance et de combat MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), capable de frapper ses ennemis par surprise et en toute sécurité à l\'image des Etats-Unis qui utlisent des Reaper (Predator), équipés de missiles Hellfire. Pour autant, la France va devoir passer un tour et donc patienter encore quelques années pour obtenir satisfaction. Car, pour éviter de se faire piéger par le débat en cours aux Etats-Unis sur l\'emploi de drones armés, Paris a demandé officiellement à Washington début 2013 l\'autorisation d\'acquérir des Reaper non armés, qui seront ensuite « francisés » afin que l\'armée de l\'air française conserve toute son autonomie pour mener ses missions opérationnelles. Ce qui, estime-t-on au ministère de la Défense, sera beaucoup plus facile à obtenir qu\'un drone armé. Le dossier est actuellement instruit par l\'armée de l\'air américaine. Washington devrait pouvoir donner une réponse à Paris vers la fin de l\'année, voire début 2014, une fois l\'approbation des parlementaires américains obtenue. « La procédure prend environ un an », explique une source proche du dossier à La Tribune.En tout cas, l\'armée de l\'air française, qui a toujours plaidé pour l\'achat de drones américains Reaper, vise la livraison des premiers exemplaires dès « 2016, et même plus tôt que cela » en vue de les employer rapidement sur le théâtre africain, précise-t-on au sein de l\'armée de l\'air. « Le Reaper répond bien à l\'expression des besoins de l\'armée de l\'air », confirme ainsi une source proche du dossier.Une filière industrielle européenne pour les drones Male ?Au-delà de cette acquisition, la France veut se doter de drones Male armés à l\'horizon 2020. Alors que le débat n\'est pas encore tranché au niveau politique, deux écoles s\'affrontent : faut-il continuer à acheter des drones à l\'étranger ou faut-il créer une filière industrielle européenne, qui est pour certains au sein du ministère de la Défense « un pari sur l\'avenir » ? « Il faut le faire », estime-t-on à haut niveau en dépit d\'un marché relativement étroit pour faire vivre cette filière. Car, au-delà d\'un noyau de pays européen, il existe une demande à l\'international pour ce genre de systèmes d\'armes, très utile pour les problématiques de surveillance de frontières, explique-t-on à La Tribune. Des pays qui ont déjà une maturité dans l\'utilisation des réseaux et du combat en réseaux.D\'autres en revanche, au sein du ministère de la Défense, considèrent que la France et l\'Europe ont raté définitivement le train des drones de surveillance Male. Compte tenu des contraintes budgétaires actuelles, du marché étroit en Europe pour ce type d\'armement (entre 20 et 30 exemplaires), situé principalement en France, Allemagne, Grande-Bretagne et Italie, et enfin des retards industriels et technologiques, il n\'y a plus la place pour lancer une filière européenne. D\'autant que les drones armés sont régis par la réglementation MTCR* (Missile Technology Control Regime), la même que celle des missiles de croisière qui est très restrictive en matière d\'exportation. Les licences nationales d\'exportation exigées pour ces technologies rendent la tâche beaucoup plus difficile aux pays qui cherchent à acquérir ou à produire des vecteurs d\'ADM (Armes de destruction massive) non pilotés. Ce qui réduit nettement les possibilités à l\'export pour ces systèmes d\'armes déjà complexes à mettre en œuvre pour des armées (liaison satellites drones) et complique donc un peu plus l\'émergence pérenne d\'une filière industrielle. « Une fois les Reaper non armés achetés, je fais le pari que la prochaine étape sera l\'achat de drones américains armés », souligne une source proche du dossier. Exit donc la filière industrielle européenne. * MTCR : le Régime de contrôle de la technologie des missiles est un regroupement informel et volontaire de pays qui veulent empêcher la prolifération des vecteurs non pilotés d\'armes de destruction massive et qui s\'efforcent de coordonner les efforts de prévention à cet égard par le biais des régimes nationaux de licences d\'exportation. Le MTCR a été créé en 1987 par le Canada, la France, l\'Allemagne, l\'Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Depuis ce temps, le MTCR a grandi et compte maintenant trente-quatre pays, et tous ont un droit égal au sein du Régime. 
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