On le croyait enterré sous les décombres de la guerre contre le blanchiment d'argent sale. Tel un phoenix, il renaît de ses cendres. Le franc suisse a pulvérisé un nouveau record de vigueur face à l'euro de plus en plus malmené, se hissant momentanément jusqu'à 1,4005 pour un euro. Les investisseurs, avides de valeur-refuge ont retrouvé leurs vieux réflexes et se sont engouffrés dans la brèche ouverte par la banque centrale helvétique. Alors que depuis mars 2009, la Banque nationale suisse (BNS) était adepte d'un interventionnisme musclé pour empêcher la monnaie helvétique de s'apprécier face à l'euro afin de préserver la compétitivité des exportations de la Confédération, elle n'a pas été détectée dans le marché depuis jeudi. La banque centrale aurait baissé les brasDe fait, la BNS, sous la houlette de son nouveau président Philipp Hildebrand, qui a pris la succession de Jean-Pierre Roth début janvier, tentait de prévenir le franchissement du seuil de 1,43 franc suisse pour un euro, par des interventions répétées sur le marché des changes. Elle semble bien avoir baissé les bras. Cette capitulation pourrait bien être la conséquence de la hausse beaucoup plus forte qu'anticipé des prix à la consommation helvétique qui ont bondi de 0,9% en avril, soit une progression de 1,4% en glissement annuel. L'institut d'émission ne pourra pas maintenir longtemps des taux d'intérêt voisins de zéro si la tendance se révèle durable. Dans l'optique d'un durcissement du loyer de l'argent, la BNS aurait atteint les limites de son pouvoir de tenir tête au marché des changes. Elle tolèrerait désormais une appréciation du franc suisse, pourvu qu'elle soit lente et ordonnée. A moins qu'elle n'ait simplement baissé les bras face aux turbulences du marché des changes qui auraient rendu inefficace sa très active politique de change. Dans une telle hypothèse, la BNS pourrait faire une nouvelle incursion dans le marché si son franc franchissait la barre de 1,40 pour un euro.

latribune.fr

15 Mai 2010, 6:35

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