L'éditorial de Sophie Gherardi

Nous le répétons avec force?: les dirigeants allemands et français ont un devoir d'intimité entre eux. » Cette phrase est peut-être la plus importante de l'appel commun publié par Helmut Schmidt et Valéry Giscard d'Estaing, le 27 mai, dans « Le Point » et « Die Zeit ». Moins de deux semaines plus tard, Angela Merkel vient d'apporter un cinglant démenti aux fondateurs du Système monétaire européen, ancêtre de la monnaie unique. « Un devoir d'intimité?? Nein, danke », dit en quelque sorte la chancelière en annulant au dernier moment un dîner avec Nicolas Sarkozy où il devait être question de la gouvernance de la zone euro. Angela Merkel a, paraît-il, téléphoné à l'Élysée pour proposer de reporter avant que son invité ne parte pour l'aéroport. Encore heureux?! Côté allemand, on explique que le séminaire gouvernemental qui devait décider du plan de rigueur de 86 milliards d'euros avait duré plus que prévu, d'où le contretemps. Même si c'est vrai, cela ne change pas grand-chose. La mauvaise manière diplomatique révèle une nouvelle hiérarchie des préoccupations?: l'Allemagne s'occupe d'abord, et toute seule, de ses affaires. D'une dirigeante politique affaiblie sur le plan intérieur, après des élections perdues, des tiraillements dans la coalition, des mauvais sondages et la démission surprise du président fédéral, pouvait-on attendre autre chose?? Disons-le tout net?: oui. Car Mme Merkel ne peut ignorer la crise de confiance qui fragilise non seulement l'euro, mais l'ensemble de la construction européenne. Elle doit, même s'il lui en coûte, réaffirmer encore et encore que le moteur franco-allemand fonctionne, que des solutions sont élaborées et validées en commun pour surmonter cette crise. Ce n'est pas pour faire plaisir à Paris, ou pour permettre à l'opinion française de se hausser du col, qu'elle doit le faire, mais pour montrer que l'Allemagne y croit encore. L'autre option est celle du leadership imposé?: nous sommes les plus grands et les plus forts économiquement, vous n'avez qu'à suivre. Sauf que l'Europe unie ne peut pas fonctionner comme ça. [email protected]
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