Kerviel : le procès de tous les superlatifs

Les huit tomes du dossier d'instruction du procès de Jérôme Kerviel qui s'ouvre ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris seront posés près du président du tribunal, Dominique Pauthe. En attendant de connaître la décision des juges sur l'écheveau des responsabilités dans des comportements ayant conduit à une perte de 4,9 milliards d'euros pour la Société Généralecute; Générale, les deux semaines et demie à venir seront celles du procès d'une certaine finance, celle de la spéculation, de la volonté de gagner toujours plus d'argent au détriment du contrôle du risque. Mais ces errements sont déjà connus de l'opinion publique depuis la crise des subprimes.Ce qui frappe aujourd'hui dans le procès de Jérôme Kerviel, c'est son caractère hors norme, depuis le début de l'affaire le 24 janvier 2008 jusqu'à sa résonance dans la salle des Criées où siégera la 11e chambre du tribunal correctionnel en ce mois de juin.Ce ne sont pas moins de 180 personnes que le service de presse a accréditées, dont une forte représentation de la presse étrangère. Pour démocratiser l'accès au saint des saints, Olivier Metzner, avocat de Jérôme Kerviel, a obtenu l'installation de deux écrans géants afin d'exposer les pièces qu'il a extraites des scellés, notamment de la quinzaine de disques durs saisis. Il compte aussi diffuser certains des enregistrements vocaux réalisés dans la salle des marchés.duel de grands avocatsCe ténor du barreau aura fort à faire face à un autre poids lourd des prétoires, Jean Veil, qui défendra la Société Généralecute; Générale, partie civile dans le procès. Tout en sachant que sa requête est illusoire, ce dernier demandera 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, soit le montant des pertes de la banque de La Défense au moment du débouclage de sa position de 50 milliards d'euros, entre sa découverte le 18 janvier 2008 et son annonce le 24. Les pratiques qui seront évoquées devant les juges, notamment par la quarantaine de témoins qui sont cités à comparaître, sont dignes des meilleurs scénarios. Une incroyable fraude informatique à grande échelle que personne ne détecte, la volonté de revanche d'un jeune homme face à une élite surdiplomée et volontiers méprisante, de multiples alertes extérieures qui sont considérées avec dédain, l'aveuglement à l'égard d'un risque d'abord confondu avec un jeu, offrent de formidables ressorts à une histoire inédite.Mais la réalité dépasse souvent la fiction. La Société Généralecute; Générale a vacillé début 2008, et ceux qui auraient pu en récupérer des morceaux se sont immédiatement préparés. La Société Généralecute; Générale a perdu la quasi-totalité de son équipe de dirigeants de l'époque. Dans son métier phare, les dérivés actions, elle a vu partir cinq des six supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel. Seul son supérieur hiérarchique qui était six crans au-dessus de lui, Christophe Mianné, est resté et a pris du galon. La Société Généralecute; Générale, dont la culture d'entreprise est particulièrement forte, a vu son personnel miné par une affaire à laquelle il se sentait tellement étranger.Si Jérôme Kerviel est reconnu coupable, il encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.
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