Le transport aérien redécolle enfin... mais pas en Europe

Le chaos du volcan islandais en avril, les inquiétudes budgétaires en Europe, rien n'y fait. La reprise du transport aérien au niveau mondial est plus forte que prévu. Et pour l'une des rares fois depuis dix ans, le discours de l'Iata (l'Association internationale du transport aérien qui représente 93 % du trafic mondial mais pas les low-cost) est teinté d'optimisme. Prises dans leur globalité, les compagnies devraient afficher cette année leurs premiers bénéfices depuis 2007, après deux années de crise sans précédent, marquées par des pertes de 16 milliards de dollars en 2008 et 9,9 milliards en 2009. « Le secteur devrait dégager des bénéfices nets de 2,5 milliards de dollars en 2010 », a prédit, ce lundi à Berlin, le directeur général de l'Iata, Giovanni Bisignani. Si cette prévision se confirme, la performance serait de taille. En dix ans, le secteur n'a été bénéficiaire qu'à deux reprises, en 2006 et 2007, et il affiche 47 milliards de dollars de pertes cumulées. Il y a trois mois déjà, les économistes de l'Iata avaient senti un vent de reprise. Ils tablaient encore sur des pertes de 2,8 milliards, mais les avaient divisées de moitié. Depuis, la reprise du trafic et des prix est plus forte qu'espéré. « Le trafic revient à ses niveaux d'avant la crise », explique Giovanni Bisignani. Les transports de passagers et de marchandises devraient progresser cette année respectivement de 7,1 % et de 18,5 % (et non plus de 5,6 % et 12 %). Combiné à une hausse de 4,5 % de la recette unitaire, liée au retour de la clientèle professionnelle, le chiffre d'affaires devrait augmenter de 62 milliards en 2010, récupérant aux trois quarts les 81 milliards perdus en 2009. « Nous pensions qu'il faudrait trois ans pour les récupérer », se réjouit Giovanni Bisignani. Le rebond est en effet très fort en Asie, Amérique latine, mais aussi Amérique du Nord. Pour la première fois en dix ans, les compagnies américaines pourraient être bénéficiaires à hauteur de 1,9 milliard. l'impact des low-costEn revanche, l'Iata a confirmé la mauvaise santé des transporteurs européens (voir « La Tribune » du 12 mars 2010), seuls à rester dans le rouge en 2010. Elles devraient perdre 2,8 milliards, bien plus que 2,2 milliards prévus il y a trois mois. La faute à une croissance plus molle qu'ailleurs et au volcan islandais qui a fait perdre 1,8 milliard de chiffre d'affaires. Mais aussi à des raisons intrinsèques aux compagnies traditionnelles. Ces dernières subissent plus fortement qu'ailleurs l'impact des low-cost. Elles ont accru leurs capacités quand leurs homologues américaines les ont baissées. Et ce, alors que leurs coûts sont plus élevés, que les plans d'économies provoquent l'ire des syndicats - en témoigne la grève dure affectant actuellement British Airways - et que, sur le long-courrier, la concurrence des compagnies du Golfe s'accroît chaque jour davantage. n
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