Le fonds de stabilisation devient une réalité

« Nous voulions une structure intergouvernementale la plus légère possible. Nous l'avons », a expliqué une source gouvernementale allemande au sujet du fonds de stabilisation de l'euro porté lundi sur les fonds baptismaux par les ministres des Finances de la zone euro réunis à Luxembourg. Berlin qui s'était fait tirer l'oreille pour aider la Grèce puis la zone euro dans sa totalité, sous une pression sans précédent des marchés, a toutes les raisons de se montrer satisfaite : le fonds conçu le 9 mai et dénommé « facilité européenne de stabilité financière » sera géré par la Banque européenne d'investissement (BEI) et piloté directement par l'Eurogroupe. L'Allemagne tenait à cet arrangement simple qui garantit à chaque pays participant un droit de veto. Elle s'était farouchement opposée à l'inclusion de la Commission européenne dans le dispositif... sans que Paris ne fasse grand-chose pour l'en dissuader. Au moins un domaine où la concordance des vues franco-allemandes est totale.Engagements extravagantsCela n'allait pas de soi. Jusqu'au dernier moment, les seize gouvernements de la zone euro auront dû peaufiner les détails de ce fonds géant doté d'une capacité d'emprunt de 440 milliards d'euros garanti par les Seize. Leurs techniciens l'ont truffé de « credit rating enhancement measures » ou mesures destinées à rehausser la notation. Leur but est de s'assurer un accès au marché au meilleur taux possible, autrement dit un triple A, sans pour autant demander aux « piliers » du fonds - Allemagne, Pays-Bas ou France -, des engagements extravagants. Assez de solidarité pour rassurer les marchés, en somme, mais pas trop pour ne pas effrayer les contribuables. La garantie accordée par chaque pays est calculée sur la base de sa quote-part au capital de la BCE... plus 20%, histoire d'assurer un petit matelas supplémentaire si l'un des « sauveurs » venait lui-même à faillir.Le paquet de 750 milliards d'euros mis sur la table le 9 mai est donc bouclé : aux 440 milliards d'euros de cette facilité, eux-mêmes inclus dans un paquet européen de 500 milliards (avec les 60 milliards de facilités venant de la Commission) s'ajoutent 250 milliards mis à disposition par le FMI. Reste à savoir si les marchés s'en contenteront. Yann-Antony Noghès, à Luxembourg
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