Les fabuleuses promesses du coeur artificiel

Carmat se prépare pour le grand saut : l'entrée en Bourse cette année et le début des premiers essais sur l'homme d'implantation d'un coeur artificiel l'an prochain. Cette société incubée par le groupe EADS espère lever 15 millions d'euros qui lui permettraient de lancer la commercialisation de son coeur artificiel en 2013. « Je porte ce projet depuis plus de vingt ans. Il représente une réponse concrète à un problème majeur de santé publique : l'insuffisance cardiaque en phase terminale, explique le professeur Alain Carpentier. La seule réponse actuelle est la transplantation. Or les chirurgiens manquent de greffons : 4.000 transplantations sont faites chaque année dans le monde pour un besoin estimé à 100.000 cas. » Au début des années 1990, ce chirurgien du coeur, pionnier des valves cardiaques issues de tissus animal, convainc Jean-Luc Lagardèrerave;re, alors patron de Matra, d'investir dans ce projet. Ces recherches mènent aux premières implantations animales sur le veau, en 2001, et à la création de la société Carmat en 2008 sur la base d'un prototype destiné à l'homme.une durée de vie de cinq ans Ce coeur artificiel pèse 900 grammes et reproduit le mouvement du muscle cardiaque grâce à deux micro-pompes (une pour chaque ventricule) qui font circuler le sang. Les parois de ce coeur sont tapissées de matériaux synthétique microporeux qui évitent la formation de caillots sanguins. Des capteurs analysent la position de la personne (allongée, inclinée pour un effort...) afin de réguler les flux de sang en fonction des besoins de l'organisme comme le ferait un vrai coeur. La fiabilité extrême de tous ces éléments a été garantie par le savoir-faire des ingénieurs d'EADS dans les systèmes embarqués pour les satellites. La durée de vie de cette prothèse high-tech est estimée à cinq ans. Les prochains développements vont concerner les batteries qui sont portées par le malade dans un holster et doivent être rechargées toutes les 5 heures. Carmat a signé un partenariat avec Paxitech (une société issue du CEA) pour développer une pile à combustible portable offrant une autonomie de 12 heures.Carmat emploie 60 personnes dont une vingtaine est spécifiquement chargée des développements logiciels pour réaliser les simulations numériques du comportement de cet organe artificiel dans le corps humain. Un logiciel a aussi été conçu pour guider le chirurgien avant l'opération en modélisant, à partir d'une image issue d'un scanner, le thorax du malade.Le prix du coeur artificiel est de 150.000 euros. « Ce qui n'est pas plus onéreux qu'une transplantation d'organe car cette intervention est chère : il faut réhospitaliser plusieurs fois le patient après l'opération », observe Alain Carpentier. Les premiers essais cliniques sur l'homme auront lieu dans un an. « Leur réussite sera bien sûr vitale pour donner confiance aux investisseurs », explique Philippe Pouletty, directeur général de Truffle Capital, qui a investi plus de 5 millions d'euros dans l'entreprise depuis sa création. Carmat a bénéficié aussi d'une aide record d'Oséo de 33 millions d'euros en 2009. n
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