« Le Mondial va faire avancer ce pays qui se bat pour effacer les conséquences de l'apartheid »

Pieter De Villiers, ex-rugbyman Sud-Africain de naissance, Français d'adoption, l'ex-rugbyman Pieter De Villiers dresse le bilan de la première Coupe du monde de football organisée en Afrique. Comment avez-vous vécu cette Coupe du monde en Afrique du Sud ?C'est un grand succès. D'abord sur le plan de l'organisation. J'ai assisté à Allemagne ? Argentine (en quart de finale, au Cap, Ndlr) et autour du stade, tout était parfait. Toujours le sourire, de la gentillesse, de l'entraide. Il n'y a pas eu le moindre problème entre les supporters. Sur le plan des infrastructures, c'est très bien organisé. Les stades et les routes se vident très vite. Ce genre d'événement fera avancer ce pays qui se bat pour effacer au plus vite les conséquences de l'apartheid.Peut-on comparer ce Mondial à celui de rugby remporté en 1995 par l'Afrique du Sud ? C'est différent. C'est peut-être moins fort, mais ça fait avancer les choses. Nelson Mandela, même si on le voit beaucoup moins aujourd'hui, est entré à cette époque dans le coeur et la mentalité de beaucoup de Sud-Africains. Beaucoup de gens le portent dans leur coeur et beaucoup essaient de faire marcher ce pari pas si facile. Et comme l'Afrique du Sud aime le sport, il s'agit d'un très bon médicament contre le passé.Vous avez quitté le pays juste après la fin de l'apartheid pour rejoindre le Stade Français en 1995. A votre retour l'année dernière, avez-vous constaté le changement ?Bien sûr. Entre ce que j'ai vécu enfant et aujourd'hui, tout est complètement différent. Quand un Français arrive ici, il peut trouver ce pays étrange. Mais il n'a pas vu ce qu'il s'est passé il y a vingt ans. Je n'ai jamais partagé le banc d'école avec une personne de couleur. La question ne se pose plus aujourd'hui. Ce n'est pas en dix ans qu'on change les mentalités, mais ça vient. Et puis il y a ceux qui voyagent et ne reviennent plus. Tant mieux parce que je pense qu'il s'agit de nostalgiques de l'apartheid. Quel regard portez-vous sur la Coupe du monde de l'équipe de France ?C'est évidemment regrettable de voir la France sortir de cette manière. J'ai l'impression qu'il n'y avait pas d'osmose. Ce sont pourtant les meilleurs joueurs du monde. C'est dommage. Maintenant, je n'ai ni les informations, ni le savoir pour juger.Vous avez porté le maillot bleu à 70 reprises. Comprenez-vous la réaction du groupe français après le renvoi de Nicolas Anelka ?Je peux le comprendre. Il y a eu explosion. J'ai vécu dans un club où on est allé au clash et on a voulu changer les choses en pleine saison (le Stade Français est champion en 2000 après une période d'autogestion consécutive au ??putsch'' contre Georges Costes, Ndlr). Cela nous a souri. Mais cette réaction des joueurs était la cerise sur le gâteau. Le mal était beaucoup plus profond. Sur le moment, les supporters sont déçus, mais c'est parce qu'à un moment, le management n'a pas été efficace. Il y a eu un souci dans la machine. n Je n'ai jamais partagé le banc d'école avec un élève de couleur. On ne change pas les mentalités en dix ans, mais ça vient. »Pieter De Villie
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