Le bourbier afghan s'invite dans la campagne allemande

électionLa polémique née de l'implication allemande dans le bombardement aérien de Kunduz bouscule la campagne électorale tranquille d'Angela Merkel. Face aux critiques, la chancelière allemande a tenté de se tenir à distance, se contentant dimanche de réclamer des « éclaircissements » sur l'opération. Elle a ainsi laissé son ministre de la Défense, CDU comme elle, Franz Josef Jung, faire face aux critiques. Or ce dernier a été assez maladroit, défendant d'abord l'opération en affirmant que les victimes étaient tous des talibans, avant, hier matin, de concéder la possibilité de victimes civils. Les critiques concernant la communication du gouvernement sont alors venues de toute part, y compris des libéraux, alliés de la CDU, et de l'ancien ministre de la Défense d'Helmut Kohl, Volker Rühe, qui a parlé de « désastre ». Le candidat des Verts à la chancellerie, Jürgen Trittin, a exhorté la chancelière à « assumer ses responsabilités », mettant en cause la stratégie menée par la Bundeswehr, l'armée allemande, dans sa mission afghane.exercice délicatFace à ces critiques et aux reproches venant de pays alliés, Angela Merkel ne pouvait plus rester sans rien faire. Elle risquait en effet d'y perdre son principal atout dans cette campagne : sa stature de chef d'État. Elle a donc décidé de changer de stratégie et de présenter aujourd'hui au Bundestag des « explications du gouvernement » sur ce bombardement, cédant à une demande du parti de gauche Die Linke, favorable au retrait. L'exercice risque d'être délicat, car il lui faudra tenir l'équilibre entre le nécessaire soutien aux troupes engagées en Afghanistan et l'inévitable condamnation des attaques sur des civils. Le tout face à une opinion publique peu enthousiaste sur l'engagement de la Bundeswehr en Afghanistan.Reste que le SPD n'est guère plus à l'aise. Le candidat social-démocrate Frank Walter Steinmeier est également ministre des Affaires étrangères et, à ce titre, solidaire de la stratégie en Afghanistan. D'ailleurs, il a dû désavouer l'ancien chancelier SPD Gerhard Schröder. Celui qui avait décidé d'engager la Bundeswehr en Afghanistan a estimé que les troupes devront quitter le pays en 2015. Une pierre dans le jardin de son parti et dans celui de celle qui lui a succédé, qui prépare les Allemands à une présence militaire sur le long terme.
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