L'absence de reprise menace l'emploi dans les banques d'affaires

La période est critique pour les banques. Toutes s'apprêtent à publier leurs résultats trimestriels à partir de la semaine prochaine. Après l'année noire de 2008, elles s'étaient refait une santé en 2009 avec une envolée des marchés et une explosion des émissions obligataires. Mais alors que 2010 s'annonçait comme un bon cru, les banquiers déchantent. Au premier semestre, les revenus des banques d'investissement ont accusé une chute comprise entre 20 % et 30 % en moyenne, les meilleurs comme J.P. Morgan limitant le recul à 7 %. Les métiers de taux ont signé un retour à la normale après l'activité extrême de 2009. « Le troisième trimestre a plutôt été correct » résume le patron d'une banque d'investissement française. Seuls les métiers de conseil en fusions-acquisitions ont légèrement redémarré mais pas assez pour se traduire déjà dans les comptes.baisse des revenus de 10 à 40 %Le printemps dernier a été fatal pour les actions, déjà en berne depuis la crise. Les turbulences sur les marchés financiers et la crise sur la dette des états ont définitivement plombé l'espoir de reprise de l'activité. Après les soubresauts des mois de mai et juin, « tout le monde s'est mis à la cape en couvrant et fermant ses positions pendant l'été », explique le directeur financier d'une banque française. Et le mois de septembre ayant eu du mal à redémarrer, le troisième a été mauvais. « Il n'y a pas d'investisseurs pour les actions ajoute-t-il. Du coup, les banques s'attendent à une baisse de 10 % à 40 % de leurs revenus au troisième trimestre. À Wall Street, on s'attend au pire trimestre depuis la fin 2008, lors de la faillite de Lehman Brothers.Mais le problème ne se cantonne pas au troisième trimestre. En début d'année, les banques prévoyaient que le recul des métiers de taux serait compensé par la reprise des actions. Désormais, tous les métiers sont en baisse et remettent sérieusement en cause l'avenir des banques d'investissement. L'espoir que les activités de taux se maintiennent est réel tant les besoins en refinancement des entreprises restent énormes. Mais « personne n'anticipe de reprise sur les actions », explique le responsable des métiers actions d'une banque américaine. À priori, l'atonie du marché durera encore en 2011, voire au-delà. Certains banquiers anticipent même une aversion des investisseurs pour les actions pendant plusieurs années. Dans ce contexte où les nouvelles normes réglementaires vont peser sur la rentabilité, le spectre des licenciements ressurgit à toute vitesse aux États-Unis. Barclays et Bank of America-Merrill Lynch vont supprimer 400 postes dans les fonctions supports de leur banque d'investissement contre 400 pour Royal Bank of Scotland. De son côté, Morgan Stanley a stoppé ses recrutements et toutes les autres banques y songent. « Le quatrième trimestre sera clé dans la prise de décision », ajoute ce dirigeant de banque américaine. Avec la fin de l'année, qui voit les investisseurs solder leurs positions, et les fêtes, le quatrième trimestre se jouera sur deux mois. Octobre s'avère déjà crucial alors que la tendance ne semble pas s'améliorer.
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