Lula, ou la lutte contre le déterminisme social

La présidentielle brésilienne, dont le second tour se tient le 31 octobre, a été l'occasion de relater la saga de l'ancien métallo devenu président. Denise Parana a cherché, elle, dans son livre « Lula, l'enfant du Brésil », publié en 2009 au Brésil et base d'un film, à entrer dans la formation psychologique du président sortant. Pas facile de naître dans le Nord-Est, frappé par la sécheresse, d'un père déjà parti à São Paulo, pour tenter d'y gagner sa vie. Mais si, au détour d'un texte écrit de façon quasi naïve, on apprend que le petit Lula n'avait jamais vu de bicyclette ni de voiture, avant de prendre le camion qui l'emmena vers la ville, on comprend surtout, grâce à la personnalité solaire de sa mère, Lindu, que le déterminisme n'est pas de mise. La famille aurait pu, comme tant d'autres, sombrer dans l'indigence, et ses enfants dans la délinquance. Mais Lindu ne laisse jamais le malheur prendre le dessus. Elle lui fait même la nique - quand son mari part avec une autre femme ou quand cette dernière lui demande asile, face à un amant devenu alcoolique et violent. Ne jamais se sentir victime, mais toujours acteur de son destin, telle a été la leçon de Lindu. Qu'importe que Lula ait dû emprunter des chaussures pour sa première photo ou qu'il ait dû cirer des chaussures alors qu'il n'avait pas 10 ans. Avec sa mère, qui, dans la grande tradition spirituelle brésilienne, prie tous les saints, « Lula apprit à ne pas se lamenter sur le passé, à toujours aller de l'avant », résume l'auteur. L'ascension commence, jalonnée de malheurs, comme la mort de sa première femme, mais aussi de coups de pouce, de nouveaux départs. Lula apprend un vrai métier, dans la métallurgie. Devient un puissant leader syndical, au temps où il ne faisait pas bon s'opposer à la dictature pour défendre les ouvriers. Puis, après plusieurs tentatives infructueuses, devient un président hors norme. Aujourd'hui, à l'image de sa popularité au sein du syndicat, quand il était élu et réélu à une majorité écrasante, sa cote auprès des Brésiliens dépasse les 85 %.Lysiane J. Baudu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.