« 20.000 milliards de dollars » ? : voyage au centre de l'Amérique renaissante

Édouard Tétreau nous avait habitués jusque-là à mettre le doigt là où ça fait mal (son livre sur les analystes en 2005 avait démontré comment cette profession était muselée)?: avec son dernier livre, ce spécialiste du monde de la finance, nous plonge cette fois dans le miracle américain. Un miracle pluridimensionnel puisque, après une plongée de trois ans (de 2007 à nos jours) aussi bien à New York qu'à Palo Alto en passant par Washington, Detroit ou Nogales, Édouard Tétreau nous décrit avec minutie, émotion, et finalement beaucoup d'admiration, un pays en train de se reconstruire après la déflagration des subprimes. Un pays, certes rongé par son rapport à l'argent?: « On m'avait prévenu?: aux États-Unis, la religion est au-dessus de tout. Ce soir-là avec Joel Osteen, je découvre qu'elle est au service du dollar », écrit-il. Édouard Tétreau est d'ailleurs très clair sur l'objet de son livre?: « Je n'ai absolument pas voulu faire un point sur la crise. Mon objectif était de raconter ma vision des États-Unis. »Un pays bourré de contradictions mais mû par une vitalité qui force le respect?: « Face aux 20.000 milliards de dollars de sa dette publique, l'Amérique pourrait être bouffie de complexes. Or il n'en est rien. Non seulement elle ne voit pas là un problème insurmontable, mais il est fort probable qu'elle s'assoit purement et simplement sur cette créance monstrueuse, laissant à l'Europe le soin de payer la note », convient l'auteur. Idée qui lui a d'ailleurs été soufflée par un dirigeant français, Dominique D'Hinnin (Lagardèrerave;re), au cours d'un dîner au printemps dernier. Clin d'oeil du destin?: deux jours après ce tête-à-tête intervenait le krach éclair à Wall Street où 1.000 milliards de dollars sont partis en fumée en vingt minutes... en raison d'un dysfonctionnement d'ordinateurs. Alors l'Amérique a-t-elle réellement les reins suffisamment solides pour faire face à de tels défis financiers?? « Au gré de mes rencontres et voyages s'imposait une réalité nouvelle?: l'Amérique n'avait pas dit son dernier mot. Sa vitalité démographique et démocratique, sa capacité à innover et à se renouveler dans tous les domaines, un mélange rare d'optimisme et de résistance à la douleur constituent sa dynamique de première puissance mondiale, que rien ne semble devoir arrêter », écrit ainsi Édouard Tétreau. C'est désormais au reste du monde de gérer ce pied de nez des Américains. L'auteur prône pour cela l'émergence des États-Unis d'Europe. Une idée qui n'a pas encore convaincu... Édouard Tétreau vient pourtant d'être nommé membre du CED, ce très célèbre « think tank » américain qui a notamment planché en 1942 sur l'élaboration du plan Marshall. Une sacrée référence?!Pascale Besses-Boumard
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