23 milliards d'euros pour le métro de Moscou

Le majestueux métro de Moscou transporte plus de neuf millions de passagers par jour et souffre d’une forte congestion. Il va donc devoir entreprendre une extension majeure, sans pareille depuis sa création par Joseph Staline, dans les années 1930. Sous terre, patienter 10 minutes compressé de tous les côtés pour atteindre un escalator est monnaie courante aux heures de pointe. Ce programme engloutira la part du lion des 23 milliards d’euros que la mairie a prévu pour développer les transports en commun dans les trois ans. Car en surface, la municipalité a aussi annoncé l’achat de 1600 bus, 420 trolleybus et 200 voitures de tramway. Alstom, Siemens ainsi que d’autres constructeurs sont déjà en lice.En attendant la mise en œuvre de ces projets – qui auront pour corolaire l’interconnexion des réseaux terrestres et du métro – la congestion des transports que subissent les Moscovites tétaniserait n’importe quel citadin occidental. En ville, la vitesse de circulation moyenne est tombée à 18 km/h et devrait continuer à baisser jusqu’à 12 km/h dans les trois ou quatre ans à venir, selon l’expert des transports Mikhaïl Blinkine. En février dernier, du fait de la neige, la longueur quotidienne des bouchons a atteint 3.600 km pendant deux semaines. Or, 3.600 km, c’est la longueur totale des voies carrossables moscovites! Du coup, certains craignent que la congestion totale et permanente soit pour très bientôt. Il faut dire que le nombre d’automobiles (4 millions) dans la capitale a pratiquement doublé en l’espace de dix ans.Risque de conflit d’intérêtsCertes, aujourd’hui, il s’agit d’inciter les automobilistes à prendre les transports en commun et à délaisser le plus possible leurs voitures. La mairie a d’ailleurs décidé de créer, d’ici à 2016, 1,4 million de places de parking payantes, une véritable nouveauté pour les Russes. Mais pour encourager les conducteurs, encore faudrait-il qu’il existe une alternative, difficile et par nature longue à mettre en œuvre. Car les transports collectifs saturés ne sont pas la seule cause de l’asphyxie de la capitale russe. Un coup d’œil sur une carte de l’agglomération montre des anomalies urbanistiques graves. En raison de voies ferrées, de zones industrielles ou de canaux, certains quartiers qui se sont développés demeurent isolés du reste de la ville, faute de ponts et de tunnels. Ils ne sont reliés que par deux ou trois points d’accès aux quartiers avoisinants, satu-rés en permanence jusque tard dans la nuit.À la mairie de Moscou, c’est Maxim Liksoutov qui est à la manœuvre. Ce maire-adjoint de 36 ans, en charge des transports, a récemment pris ses fonctions. Mais, méfiants, certains Moscovites commencent déjà à se demander si l’importante et indispensable mise à jour de la circulation et des transports dans leur ville ne va pas tourner au conflit d’intérêts. Venu du monde des affaires où il est devenu multi millionnaire, Maxim Liksoutov est actionnaire de sociétés de transport qui seront directement bénéficiaires de contrats avec la mairie._____Repères :70 : C’est le nombre de nouvelles stations de métro qui seront ouvertes avant la fin de la décennie.20 % : C’est la croissance prévue pour le réseau du métropolitain entre 2013 et 2015.210 km : C’est la longueur de voies séparées supplémentaires qui seront posées pour les tramways.18 km/h : C’est la vitesse de circulation moyenne des automobiles à Moscou.
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