Le spectre du krach de 1994 plane sur les marchés obligataires

Depuis la fin 2008, les banquiers centraux ont déployé toute une panoplie de mesures pour répondre au choc provoqué par la faillite de Lehman Brothers. Le succès de ces mesures, qui se matérialise par des signaux de reprise, leur impose cependant un nouveau défi. Celui de normaliser leur politique monétaire sans semer la panique sur le marché des obligations d'État.« Historiquement, les krachs obligataires interviennent quand les banques centrales resserrent leur politique monétaire, surtout quand ce mouvement intervient avec une résurgence de l'inflation », explique Nicolas Forest, stratégiste taux chez Dexia. Ce fut notamment le cas en 1994, quand le rendement des obligations d'État américaines à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, était passé de 5,5?% à plus de 8?% à la suite de pressions inflationnistes et de la remontée des taux décidée par Alan Greenspan, qui avait surpris les marchés en relevant le taux directeur de la Fed de 3 % à 3,25 % le 21 mars.anticipation du marchéMais, cette fois, la fragilité de la reprise et les surcapacités de production actuelles semblent exclure un scénario de hausse des prix. Les taux d'intérêt, le premier levier que les grandes banques centrales avaient actionné à la baisse pour répondre à la crise, ne devraient donc pas être relevés avant la mi-2010, selon les observateurs. « On sortira des mesures non conventionnelles avant le cycle de remontée des taux d'intérêt », estime Isabelle Job, économiste chez Calyon. Ce qu'anticipe le marché. Les taux à 10 ans américain et allemand, après des plus-hauts de 3,94?% et 3,72?% courant juin, évoluent depuis la mi-août sous les seuils de 3,5?% et 3,4?%.La sortie des programmes « non conventionnels », qui se sont notamment traduits par des achats directs de titres de dettes gouvernementaux et privés par les banques centrales, pourrait néanmoins être un test pour les marchés. « Avec la cessation des achats des banques centrales, il est fort possible que les marchés soient un peu sous pression, d'autant que, l'an prochain, les besoins de financements de certains États seront supérieurs à ceux de 2009 », avertit la banque Pictet. Avec 740 milliards de dollars de bons du Trésor à son bilan, la Fed, qui a acheté 10 % des émissions publiques cette année, est ainsi devenue le deuxième détenteur de dette américaine, derrière la Chine mais devant le Japon.Julien Beauvieux
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