L'euro à 1,40 dollar fait peur aux exportateurs européens

La guerre des changes est-elle une menace sérieuse ou un bluff entre gouvernements ? En attendant de répondre, dans la course à la valeur faible, l'euro est le perdant. En s'appréciant jeudi au-dessus du seuil symbolique de 1,40 dollar (lire en page 26), la monnaie unique va encore compliquer les exportations des pays membres de la zone euro.Bruxelles y voit un coupable, la faiblesse du yuan. Dès son arrivée cette semaine dans la capitale belge, le Premier ministre chinois Wen Jiabao s'est vu reproché la manipulation de sa monnaie. Car si la Chine avance que ses importations de la zone euro ont augmenté de 40 % durant le premier semestre 2010, le déficit commercial de la zone avec l'ex-empire du Milieu s'est dans le même temps creusé de 6,7 % à 48,1 milliards d'euros, tandis que celui des États-Unis se creusait lui de 16 %, à 119 milliards d'euros. L'impatience de Bruxelles et de Washington se comprend à cette aune, car l'assouplissement du contrôle du yuan depuis juin n'a abouti qu'à une hausse d'à peine 2 % par rapport au dollar.C'est la principale critique de Timothy Geithner, le secrétaire d'État américain au Trésor. Selon lui, en voulant conserver une valeur faible à leur monnaie, d'importantes économies ont déclenché une « dynamique dommageable » qui pourrait rapidement créer de l'inflation, des bulles sur les marchés et limiter la croissance. Outre la Chine, sont visés le Brésil et la Corée du Sud. Le Japon et la Suisse ont déjà oeuvré pour affaiblir leur devise, sans grand succès, et la Thaïlande pourrait aussi recourir à ce moyen pour soutenir ses exportations.Mise en gardeDe son côté, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), souligne que sur le marché de devises, où s'échange quotidiennement l'équivalent de 4.000 milliards de dollars, « une volatilité excessive et des mouvements désordonnés ont des effets négatifs sur la stabilité économique et financière ». Toutefois, d'autres voix se font entendre. Jeudi, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a mis en garde sur le « remède miracle » que constituerait une appréciation du yuan. « Il ne faut pas se détourner des problèmes fondamentaux de la croissance et des problèmes d'ordre structurel pour bâtir à nouveau une économie saine », a-t-il rappelé. Comme lui, d'autres analystes voient dans ce débat un bluff, aucun pays n'ayant à gagner à une véritable guerre des changes. Ils y voient davantage le reflet des incertitudes des gouvernements sur la solidité de la reprise économique, notamment en matière de créations d'emploi. La réunion des ministres des Finances du G20 et du G7 ce vendredi à Washington sera l'occasion d'en discuter de vive voix (lire ci-dessous).
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