Trichet dénonce les mouvements de change désordonnés

Entre le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) de jeudi et sa précédente réunion du début septembre, deux évènements majeurs se sont produits. D'abord la reprise de l'euro face à la plupart des grandes monnaies s'est brusquement accélérée, dans un contexte de menace de guerre des changes que Dominique Strauss-Kahn, le patron du Fonds monétaire international (FMI) disait jeudi prendre « très au sérieux ». Le dollar a rechuté comme une pierre tombant de 1,2650 pour un euro à un plancher de huit mois de 1,4025 au plus bas des transactions jeudi, tout comme la livre sterling, qui ne valait plus que 0,88 contre 0,82. De sorte que l'indice pondéré de la monnaie unique face aux devises des principaux partenaires commerciaux de la zone euro a regagné près de 5 % en un mois. Moribond au début de l'été, l'euro s'est depuis affirmé comme la grande monnaie la plus demandée du monde. Ensuite - et ceci explique cela -, les trois principales banques centrales qui côtoient la BCE sont en passe de s'engager dans une nouvelle phase d'assouplissement monétaire quantitatif via des rachats d'actifs financiers qui vont alourdir leur bilan. Nommément la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre et la Banque du Japon.La singularité de la situation de l'euro et de la BCE prend des allures de casse-tête pour Jean-Claude Trichet et les « Sages » du conseil, qui ont amorcé bien avant leurs homologues leur stratégie de sortie de crise. Sans se départir de son flegme légendaire, Jean-Claude Trichet n'en a pas moins apporté des réponses sur l'analyse qu'il fait de la situation et les réponses qu'il entend y apporter.Taux à un niveau « approprié»Sur le front des changes, le président de l'une des banques centrales les plus puissantes du monde a exhumé en le renforçant le message qu'il n'avait pas envoyé depuis la montée de l'euro à plus de 1,50 dollar en novembre 2009: «plus que jamais, les taux de change doivent refléter les fondamentaux. La volatilité excessive et les mouvements désordonnés ont des implications défavorables pour la stabilité économique et financière». Et d'ajouter que les gouverneurs des banques centrales et les ministres des finances (du G7) en discuteraient à Washington. Pour renforcer son argumentation, Jean-Claude Trichet a également repris un propos qu'il ne tient à l'accoutumé pas simultanément: « Je partage l'opinion des autorités américaines lorsqu'elles affirment qu'un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis. » Sur le front de l'économie et de la politique monétaire, le discours, que certains observateurs avaient critiqué récemment pour son excès d'optimisme, est resté très mesuré. Trichet constate que la tendance de la reprise est toujours positive mais que la croissance reste modérée dans un contexte où les incertitudes demeurent. Jugeant le niveau des taux « approprié » - ce qui signifie qu'aucune modification n'est à l'ordre du jour dans un avenir prévisible -, le président constate néanmoins une normalisation graduelle du marché monétaire. Mais il confirme dans le même temps que les mesures non conventionnelles, notamment l'alimentation en quantités illimitées des besoins des banques lors de ses adjudications, seront maintenues aussi longtemps que nécessaire.
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