Où va la mode ? ?

Ambiance de fête sur les défilés. Fini la crise?? Le gotha de la mode a sablé le champagne au bal masqué de « Vogue » pour ses 90 ans?; les fashionistas ont dansé au concert privé de Duran Duran organisé par Fendi, Naomi Campbell a signé son livre de collaboration avec Dolce & Gabbana, 5.000 personnes ont fêté l'ouverture du nouveau H&M sur les Champs-Élysées, Uniqlo a soufflé les bougies de son premier anniversaire parisien... En coulisse, malgré le turnover des équipes, en particulier dans les services de communication, chacun se satisfait, les affaires reprennent. Les sociétés événementielles ont de nouveau du baume au coeur?; les marques misent sur les soirées pour séduire VIP et journalistes. L'Asie dope le marché, les touristes, en particulier les Chinois, sont de retour à Paris. Résultat?: les ventes se portent à merveille. Et Louis Vuitton doit même fermer plus tôt ses magasins pour éviter la pénurie. Parallèlement, l'autre grande actualité qui bouscule la mode, c'est Internet. Qu'il s'agisse d'e-commerce, de diffusion en simultané des défilés, la high-tech prend ses quartiers dans la mode. L'iPad est le dernier accessoire que l'on sort au premier rang des défilés. Cette intrusion de l'imagerie high-tech s'imprime au coeur- même des modèles. La mode entre dans le XXIe siècle. Vive la nouvelle sobriété, soit un mélange d'efficacité et de nonchalance. Adieu fleurs et volants, priorité à la fluidité, aux lignes droites, mais aussi au graphisme, aux rayures, au dévoré. Une mode 0-1 en quelque sorte, dont les algorithmes et les résultats aléatoires s'impriment sur la toile. Dans ce climat, au sommet de son art, Karl Lagerfeld s'est inscrit en point d'orgue des défilés parisiens. À 77 ans, il a donné une leçon de modernité. Chanel sait recevoir?; au Grand Palais, sous la verrière, l'orchestre philharmonique interprète tout autant des oeuvres du répertoire classique que celles du rock anglais?; le jardin à la française n'est pas aménagé de buis mais ces buissons sont comme asphaltés, les mannequins sillonnent dans l'ampleur du lieu, tel un ballet de nymphes autour des bassins et des jets d'eau. Avec en star finale Inès de la Fressange, avec qui, voilà des années, Karl s'était fâché. Elle redéfile pour lui pour la première fois, promenant dans les allées sa nonchalance, son élégance très parisienne, elle n'a rien à envier aux autres mannequins qui défilent du haut de leurs seize ou dix-huit ans. Temps de réconciliation, mais aussi de modernité, avec son studio il réinterprète les codes maison pour les propulser dans l'actualité. Le tailleur, la petite robe noire, c'est un festival d'audaces et d'ingéniosités dans une ambiance cultivée, inspirée par « l'Année dernière à Marienbad ». Aucun détail n'est laissé de côté, Karl maîtrise autant l'art de la scène que celui de la mode. Les vestes comme dévorées par des petites souris, les jeans lacérés ou les robes à plumes sont toutes plus désirables, comme les robes en cote de mailles ou les accessoires, bijoux de tête, colliers, bagues et souliers. Tout est parfait. Les professionnels sont dithyrambiques, l'émotion réelle. Karl Lagerfeld a sans aucun doute présenté sa plus belle collection depuis son arrivée dans la maison en 1983.
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