Carmignac Gestion célèbre le photojournalisme

Les hiéroglyphes de Basquiat griffent les murs tandis que s'échappent du même tableau des éclats flamboyants. Installé dans le bureau du patron, le « Lénine » de Warhol porte un regard sombre sur le grand capital. « J'ai la phobie des murs blancs », confie Edouard Carmignac, le PDG de Carmignac Gestion. Aussi, dès la création de sa société de gestion d'actifs financiers en 1989, s'est-il attaché à acheter des pièces majeures du pop art, de l'école allemande, ou d'art contemporain. « C'était important pour moi d'offrir à mes collaborateurs un cadre agréable et stimulant », poursuit-il. Du mécénat classique que tout cela ? Certes, et mené d'une main de maître par la Fondation Carmignac Gestion qui a vu le jour en 2000. Mais depuis 2009 et le lancement du prix Carmignac Gestion du Photojournalisme, cette dernière innove, ose ce qui n'a jamais été fait auparavant par un établissement financier. Et se donne une fois encore les moyens de ses ambitions. « À travers ce prix, nous avons voulu faire oeuvre utile, explique Edouard Carmignac. Car nous avons beau vivre au sein de la société de l'image, cette image n'en est pas moins de plus en plus appauvrie. Certaines zones de conflits ne sont pratiquement plus couvertes. » Destiné aux photojournalistes appelés à présenter un projet autour d'un thème défini, le prix décerné par un jury prestigieux (présidé par William Klein en 2009) est surtout doté de 50.000 euros destinés à produire une exposition accompagnée d'un beau catalogue. Du jamais-vu dans le monde de la finance habituellement porté sur la photographie plasticienne. Sans parler du montant de la dotation (les photojournalistes primés ailleurs reçoivent rarement plus de 5.000 euros) ou des thèmes proposés, éminemment polémiques. En 2009, les photojournalistes étaient appelés à plancher sur Gaza. Cette année, on leur a proposé de travailler sur le Pachtounistan, zone tribale entre l'Afghanistan et le Pakistan. « Il faut avoir le courage de ses convictions. C'est d'ailleurs l'une des valeurs de notre entreprise, poursuit le PDG. À travers ce prix, il y a l'idée de sensibiliser l'opinion à quelque chose d'inacceptable. » Nombreuses devraient être les réactions aux images du lauréat 2009, l'Allemand Kai Wiedenhöfer, dont les photos sont actuellement exposées au musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Grâce à son prix, il a pu travailler sur les conséquences de l'opération « Plomb durci » menée par Tsahal à Gaza l'hiver 2008-2009. De ce voyage en enfer, Wiedenhöfer a rapporté une cinquantaine de portraits aux couleurs passées, d'hommes et de femmes aux membres amputés, posant en couple ou aux côtés de missiles exhibés comme des objets de décoration. Il y a aussi ces photos de bâtiments détruits, éventrés. « Ce prix m'a donné l'occasion unique de poursuivre un travail de longue haleine dans les territoires occupés et de retourner notamment à Gaza pour une enquête approfondie, dit le photographe. Je regrette de ne pas avoir pu photographier une partie de mon projet en janvier 2009 quand je me trouvais à Gaza. À l'époque, personne n'était prêt à payer 1.000 euros pour témoigner des dégâts causés par la guerre. » Kai Wiedenhöfer au musée d'Art moderne de la Ville de Paris jusqu'au 5 décembre. www.carmignac.fr
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