Grandes manoeuvres autour des milliards de la formation professionnelle

Effervescence dans le petit monde de la formation professionnelle. Au coeur de cette poussée de fièvre, les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA). Derrière cet intitulé barbare, ces organismes jouent un rôle crucial dans le financement de la formation. Chaque année, ils recueillent une large part des cotisations formation des entreprises et les redistribuent en fonction des besoins des employeurs et des priorités définies par métier. Soit, pour la seule année 2009, quelque 6,1 milliards d'euros sur les 12 milliards d'euros de cotisations. Jusqu'à maintenant, près d'une centaine d'OPCA cohabitaient, chaque branche professionnelle ayant créé le sien. Mais la récente réforme de la formation professionnelle est venue bousculer la donne en instaurant un seuil minimum de collecte à 100 millions d'euros annuels. Un seuil que n'atteignent que 16 des 96 OPCA existants (voir ci-contre). Faute de justifier de cette taille critique à l'automne 2011 au moment de renouveler leur agrément pour 2012, les petits OPCA disparaîtront. La publication, fin septembre, du décret confirmant le seuil de 100 millions d'euros et précisant qu'il n'y aurait aucune dérogation a déclenché un véritable branle-bas de combat. Discrets jusqu'alors, les contacts entre OPCA ont pris une tournure plus officielle. Et les premières fiançailles sont en passe d'être annoncées. Dans ce jeu de go, les OPCA interprofessionnels, non spécialisés par métiers, que sont Agefos-PME et Opcalia, sont très sollicités. Et rejouent, au moins en partie, la querelle qui oppose, depuis de longs mois, la CGPME et le Medef, dont ils sont les bras armés en matière de formation professionnelle. Déjà, Opcalia a prévu d'accueillir le Forthac, l'organisme du textile-habillement et ses 55 millions d'euros de collecte. Plus modeste, l'Agefos-PME devrait intégrer l'OPCA des marins pêcheurs (1,6 million d'euros). En revanche, les OPCA de la propreté et de l'hospitalisation privée ont choisi de procéder par appels d'offres et de mettre les partenaires potentiels en concurrence. Enfin, par crainte de perdre leur spécificité de métiers, certains OPCA préfèrent privilégier une alliance avec un autre organisme de branche plutôt qu'interprofessionnel. Ainsi, l'OPCA de la pharmacie et de la chimie (C2P) envisage un rapprochement avec celui de la plasturgie (Plastifaf). A eux deux, ils pèseront plus de 150 millions d'euros de collecte. De nouvelles règlesDans les prochains mois, le mouvement va aller crescendo pour aboutir, fin 2011, à un paysage de la formation totalement différent de celui du passé. D'autant que de nouvelles règles en matière de transparence de gestion et d'objectifs concrets à atteindre doivent aussi entrer en vigueur dans les prochains mois. Reste une inconnue de taille, la capacité de ces OPCA nouvelle manière à répondre aux besoins des entreprises. Nombre d'employeurs craignent, en effet, de perdre la spécifité métiers des formations avec ces OPCA élargis.
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