Paupérisation des armées : les femmes de militaires manifestent sur Facebook

C\'est une véritable bombe qu\'a lancé à demi-mot le chef d\'état-major de l\'armée de terre, le général Bertrand Ract-Madoux. \"Je ne veux certes pas être alarmiste sur le moral des troupes (de l\'armée de terre, ndlr) mais j\'ai assisté pour la première fois cette année à des manifestations de femmes de militaires\", a-t-il confié en octobre, entre autres déclarations devant les députés de la commission de la défense de l\'Assemblée nationale. Clairement, aujourd\'hui des femmes de militaires interpellent officiellement le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à la suite d\'une série de dysfonctionnements au sein de son administration. Mais pas seulement. Elles remettent en cause la diminution du budget de la défense.\"Un paquet de Gauloises demande des comptes\"Cette colère s\'exprime principalement sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook où certaines ont créé une page \"Un paquet de gauloises en colère\" très consultée. Certaines ont posé dos nu où elles ont écrit leurs revendications, leurs rancoeurs envers l\'Etat et leur désespoir (ci-contre photo). C\'est \"une page des conjoints de militaires qui combattent pour la France et qui ne sont pas payés. Un paquet de Gauloises demande des comptes\", est-il écrit en tête de leur page Facebook.Et d\'expliquer leur démarche: \"les forces armées françaises sont la variable d\'ajustement des budgets du gouvernement. Alors que nos conjoints remplissent un travail qui leur a été demandé pour la France, leurs soldes sont retenus pour des motifs purement financiers et non pas techniques comme on veut nous le faire croire (à titre d\'exemple, dans le civil, y a-t-il une société qui aurait un logiciel comptable qui ne paye pas ses employés? C\'est risible et pathétique à la fois)... Les experts en communication de crise du Ministère préfèrent mentir et canaliser notre rancoeur sur un logiciel bidon que sur une chaîne hiérarchique qui se fait toute petite devant les politiques... manque de pot... On ne vous croit plus. On connait votre baratin... Nos familles ont faim et les intérêts des emprunts bancaires que l\'on doit payer auprès des banques à cause de vous, et bien on va vous les rendre sous forme d\'une protestation silencieuse... pleine de rage certes... mais coûteuse en termes politiques et d\'image pour vous... C\'est donnant/donnant... un win/win en quelque sorte... Félicitations\".Des pétitions sur internetDes pétitions circulent également sur internet. Des femmes de militaires appellent ainsi à signer cette pétition : \"des centaines de familles sont au bord du gouffre. Plus d\'un an que l\'armée ne verse qu\'une partie des soldes dues !! Nos conjoints ne peuvent agir, c\'est a nous, épouses/concubines de le faire afin qu\'enfin, le ministere prenne la mesure de la situation et règle ce qu\'il doit a ces personnels de la défense qui remplissent leur devoir, au péril de leur vie en opération extérieures\".Le logiciel Louvois, un faux problème...Le général Ract-Madoux avait plus ou moins prédit cette grogne. \"J\'avais dit il y a un an, qu\'on risquait d\'avoir un mouvement de grogne dans les casernes avant la fin de l\'année. Celui-ci s\'est produit, pas pour les raisons que j\'avais envisagées, mais à cause des défaillances du système de paiement des soldes, Louvois. Je suis donc très heureux que le ministre ait pris ce dossier en main, à son niveau, tant cette question est complexe et sensible\". Ce à quoi ont répondu le 27 octobre les \"Gauloises\": \"Il manque de l\'argent sur la LPM (Loi de programmation militaire, ndlr)... et c\'est nous qui trinquons... En attendant, ça n\'est pas le Ministère des Finances qui paye nos agios bancaires...Que Bercy paye ce qu\'ils nous doivent d\'abord et en priorité... le logiciel LOUVOIS lui n\'est qu\'une anecdote technique nous ne nous y trompons pas\". Et pan sur le képi...Conscient des risques de dérapage, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est sur le pied de guerre sur cette histoire de logiciel permettant le paiement des soldes. Lors de son audition devant les députés en octobre, il avait longuement expliqué le dossier aux députés : \"Le système Louvois devait permettre au ministère de la défense de simplifier le processus de gestion du paiement des soldes en la centralisant sur un seul site - Nancy - et en employant un seul logiciel. Si la marine a intégré le système Louvois sans trop de difficultés, l\'accumulation de décisions malheureuses a été à l\'origine de graves dysfonctionnements dans l\'armée de terre : en effet, aux bugs répétés du logiciel lui-même - j\'ai diligenté un audit pour faire le point sur le sujet -, s\'est ajoutée la fermeture prématurée des centres territoriaux d\'administration et de comptabilité - CTAC - et la réforme des bases de défense, si bien que 120.000 dossiers n\'ont pu être traités par Nancy. Au cours d\'un déplacement dans les forces au mois de septembre, j\'ai constaté la permanence de dysfonctionnements, que je croyais en voie de résolution. C\'est pourquoi, prenant un coup de sang, j\'ai aussitôt mis en oeuvre un plan d\'action qui permettra, à la fois par l\'ouverture d\'un numéro vert depuis lundi dernier (1er octobre), par la création d\'un groupe d\'utilisateurs, femmes de militaires comprises, et par la mise en place de dispositifs de contrôle, de donner un coup d\'accélérateur à la régularisation des 10.000 dossiers toujours en attente. Une telle situation est inacceptable. En effet, dans un contexte difficile pour les hommes et les femmes de la défense, nous devons être vigilants à ce que l\'institution ne paraisse pas leur manquer de respect. Or, ne pas réussir à payer à temps un soldat qui rentre d\'Afghanistan, c\'est lui manquer de respect. (...) Il faut savoir que la feuille de solde arrive un mois à un mois et demi après le versement de la solde, ce qui rend d\'autant plus difficiles les vérifications par les intéressés, surtout quand des sommes indues ont été versées et qu\'il faut les rembourser\".Baisse des primes Le général Ract-Madoux a rappelé que les soldats de l\'armée de terre devaient également faire face à des baisses de prime. \"Avec 85 millions d\'euros, seuls 26 jours d\'activités sont aujourd\'hui indemnisés contre 29 en 2011, ces jours correspondant aux absences en exercice loin des familles et de la garnison. Cela est d\'autant plus important que la part des opérations est, comme vous le savez, en nette diminution. Enfin, rappelons qu\'il s\'agit, hors opérations extérieures, de la seule prime dont nos militaires du rang peuvent bénéficier\".
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