Géant de la pétrochimie, le mexicain Alfa multiplie les rachats aux États-Unis

Jusqu'où ira sa soif de conquête ? Le conglomérat mexicain Alfa vient de s'offrir trois usines pétrochimiques aux États-Unis, propriétés d'Eastman Chemical, pour 600 millions de dollars. En moins de trois mois, c'est la seconde acquisition du géant aztèque de l'industrie et des télécommunications chez son puissant voisin. Objectif : grandir en Amérique du Nord avec l'Asie en ligne de mire. Une stratégie ambitieuse mais risquée. « Nous étendons notre portefeuille d'actifs, de produits et de technologies », a annoncé Alvaro Fernandez, directeur général d'Alfa, au siège du groupe à San Pedro Garza Garcia, au nord-est du Mexique. Sa filiale pétrochimique américaine, DAK Americas, se renforce ainsi dans la fabrication de la matière première du polyester (PAT) et de celle des bouteilles en plastique (PET). Grâce à cette transaction, qui sera effective fin 2010, le groupe deviendra le leader nord-américain du secteur avec 30 % du marché.L'offensive d'Alfa a surpris les analystes. Le 9 août, sa filiale Sigma, spécialisée dans les aliments réfrigérés, avait déjà mis la main pour 575 millions de dollars sur le producteur américain de viande Bar-S Foods. « Cette seconde acquisition est très rapide mais elle correspond à une expansion raisonnée du groupe, après s'être trop diversifié par le passé », commente Martin Gonzalez, analyste au cabinet financier, Invex. Renaissance Créé en 1974 par Bernardo Garza Sada, Alfa a connu une croissance fulgurante. Quatre ans plus tard, l'entreprise familiale présente dans 39 branches d'activité est le conglomérat le plus puissant du Mexique. Mais très endettée, la société frôle la faillite lors de la crise mexicaine des années 1980. Depuis, le groupe coté en Bourse à Mexico et à Madrid retrouve de sa superbe avec 79 usines et 54.500 salariés dans 16 pays d'Amérique, d'Europe et d'Asie. À la fin 2009, ses actifs étaient évalués à 8,3 milliards de dollars. Une renaissance due à une sévère restructuration autour de quatre branches d'activité : la pétrochimie (Alpek), les pièces détachées automobiles en aluminium (Nemak), les aliments réfrigérés (Sigma) et les télécommunications (Alestra). Le tout sans sortir du giron familial : l'actuel président, Armando Garza Sada, est le petit-fils du fondateur. En 2009, le chiffre d'affaires d'Alfa s'est inscrit à 8,5 milliards de dollars tandis que son excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'est établi à 1,1 milliard de dollars. « C'est l'une des grandes dynasties industrielles mexicaines qui ont créé des empires sur les bas coûts de production au Mexique », commente Mario G. Valdes, professeur de finances à l'université du Tec de Monterrey. Aujourd'hui, Alfa fonde sa stratégie internationale sur la timide reprise américaine. « Les États-Unis restent le premier marché mondial et une porte d'entrée vers l'Asie », explique-t-il. Ces deux acquisitions représentent une dépense de plus de 1,2 milliard de dollars alors que sa dette à long terme atteignait déjà 3 milliards d'euros en septembre 2010. L'achat des trois usines d'Eastman Chemical sera donc financé par un crédit sur trois ans. Et Mario G. Valdes de pointer qu'« Alfa saisit ainsi une belle opportunité mais prend un gros risque financier ». Un pari à double tranchant.
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