L'Impôt sur la fortune, ce tabou qui empoisonne la droite depuis un quart de siècle

« Les Français n'aiment pas mon mari », s'exclame Bernadette Chirac, en commentant la défaite de Jacques Chirac lors de l'élection présidentielle de 1988. Battu sèchement par François Mitterrand, le Premier ministre sortant restera longtemps convaincu que l'effacement de l'impôt sur les grandes fortunes (IGF) du paysage fiscal, décidé en septembre 1986, lui a coûté l'Elysée. « Incontestablement, ce fut un des éléments qui a pénalisé le gouvernement de droite de l'époque, tant la question du symbole est forte en matière fiscale », analyse Stéphane Rozes, président de CAP. A l'époque, non seulement la gauche l'avait parfaitement compris, mais elle s'était servie de l'idée de taxer les riches pour constituer « un ciment puissant pour l'union de la gauche », selon l'expression de Michel Taly, haut fonctionnaire en 1981 dans l'administration fiscale. Mettant en oeuvre l'une des 101 propositions du candidat Mitterrand, le jeune ministre délégué au Budget de l'époque, Laurent Fabius, met en place fin 1981 l'Impôt sur les Grandes fortunes, qu'il présente comme « socialement juste, économiquement raisonnable et techniquement simple ».En dépit du caractère lilliputien du nouvel impôt ? en 1985, l'IGF est acquitté par 100.000 redevables ?, son abrogation décidée en 1986 par Alain Juppé et Jacques Chirac va rester pendant plus de deux décennies le cauchemar de la droite. Au point que lorsque celle-ci reprend le pouvoir en 1993, elle se garde bien de toucher à l'ISF, le nouvel impôt sur la fortune mis en place en 1989 par Michel Rocard. Alain Juppé va même plus loin dans l'autocritique, en présentant en juin 1995 une majoration de 10 % de l'ISF et surtout en supprimant un plafonnement de l'ensemble ISF-impôt sur le revenu.« Politiquement mortelle »Sujet tabou, l'ISF n'en finit pas de provoquer des débats au sein de la droite entre les partisans de l'efficacité économique, qui militent pour sa suppression, et ceux qui portent comme une croix la défaite électorale de 1988. C'est ainsi qu'un amendement défendu initialement par Jean-François Copé en 1996 pour alléger l'ISF a été retoqué au Parlement. A l'époque, Philippe Seguin avait jugé la mesure proposée de « techniquement impeccable et politiquement mortelle ». Une expression que la majorité pourrait reprendre à son compte. Eric Chol
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