Le FMI est de retour à Buenos Aires

Néstor Kirchner doit se retourner dans sa tombe. Moins de deux mois après la mort de l'ancien président argentin, le FMI est de retour à Buenos Aires. Il s'agit certes d'une mission « technique », qui vient aider le gouvernement à mettre au point un nouvel indice des prix national, et non une mission dite de l'article IV, chargée de réviser les comptes du pays, mais nul ne s'y trompe : il y a bien une rupture avec la politique imposée par Kirchner. Après avoir payé comptant en 2006 les 10 milliards de dollars que le pays devait au FMI, Néstor Kirchner avait juré que les envoyés du FMI ne viendraient plus en Argentine. Ce qui avait été respecté, y compris depuis l'élection de son épouse Cristina Fernández de Kirchner, en octobre 2008. Se trouvait ainsi bloqué le règlement de la dette à l'égard du Club de Paris (6,5 milliards de dollars), ce dernier exigeant un audit du FMI en cas de paiement échelonné.Une ContrepartieLa persistance de cette situation s'expliquait aussi par le tripatouillage de l'indice des prix, qu'une mission du FMI n'aurait pas manqué de dénoncer. Depuis 2007, le gouvernement a mis fin à l'indépendance de l'institut national des statistiques et modifié la composition de l'indice, qui prend désormais en compte des prix fixés administrativement et non ceux relevés dans le commerce. Résultat : un écart entre l'inflation officielle et celle mesurée par les instituts privés (11 % et 25 % respectivement pour 2010). Tout en proclamant sa fidélité au « legs » de Néstor Kirchner, Cristina Fernández de Kirchner annonçait il y a trois semaines que le Club de Paris acceptait de négocier le règlement de la dette argentine sans l'aval du FMI. Mais il y avait une contrepartie : la mission qui arrive jeudi pour établir le nouvel indice qui traduira plus fidèlement la hausse des prix. Sans pour autant que le gouvernement ait à se dédire, puisque l'indice sera national, alors que l'actuel ne prend en compte que l'agglomération de Buenos Aires (un tiers des habitants du pays). Jean-Louis Buchet, à Buenos Aire
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