La Grèce a un avantage, elle n'a pas eu de bulle immobilière

Dans la crise de la zone euro, il est remarquable de noter combien les dirigeants des pays les plus concernés - Grèce, Irlande, Portugal et Espagne - prennent soin de souligner combien leur situation est très différente de celle des autres pays... « La Grèce est beaucoup plus résiliente que l'on pense », soulignait ainsi fin novembre Nicolas Lioliakis, partner du cabinet Bain & Company, lors d'un séminaire sur le secteur immobilier, organisé à Athènes par le Crédit Foncier. C'est en partie vrai. Ainsi, si l'Irlande et l'Espagne ont pâti de la chute d'un secteur immobilier qui avait connu un boom ces dernières années, ce n'est pas le cas de la Grèce. Le ratio crédits hypothécaires sur PIB ne s'élevait en 2009 qu'à 34 %, contre 64 % en Espagne et 39 % en France. Cette situation est avant tout un héritage historique, lié à l'« antiparochi », un système qui permet au propriétaire d'un terrain de l'échanger contre un ou plusieurs appartements construits sur ce même terrain. Aujourd'hui, les Grecs sont propriétaires à 80 % de leurs biens immobiliers. En outre, malgré la crise, ils ne vendent pas. Le nombre de transactions a reculé de 27 % entre 2008 et 2009. Dans le même temps, l'indice des prix a baissé de 4,3 %, et de 2,6 % au cours du premier semestre 2010. Mais ce marché comporte des paradoxes. Les Grecs préfèrent ainsi largement acheter de particulier à particulier, puisqu'à peine 30 % des transactions sont conclues via des agents. Pourtant, le pays compte 11 agents immobiliers pour 10.000 habitants, contre 9 en France et 7 en Allemagne. Toutefois, sous l'effet de la crise, le gouvernement du Premier ministre George Papandreou a lancé deux réformes pour améliorer le marché de l'immobilier. D'abord, la mise au point d'un cadastre fiable - la Grèce étant, avec l'Albanie, le dernier pays dEurope à ne pas en disposer. Il permettra l'enregistrement progressif de tous les droits de propriété. Ensuite, la révision de la « valeur objective » des biens, qui n'est pas toujours actuellement liée à celle du marché, afin de pouvoir définir plus rigoureusement le montant de l'impôt foncier. Le gouvernement a d'ailleurs majoré deux fois cette année la TVA sur les logements neufs, passée de 19 % à 23 %, et augmenté l'impôt sur le droit de succession. Robert Jules, à Athène
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