Manipulez, il n'y a rien à voir sur le cuivre

Si un seul acteur détenait plus de la moitié des stocks de blé de la première place de marché mondiale, ce serait la panique. Les politiques condamneraient la spéculation, les pays africains crieraient famine. À raison. Sur le cuivre, la concentration de plus de la moitié des stocks du London Metal Exchange aux mains d'un seul intérmédiaire, a priori JP Morgan selon le « Daily Telegraph », ne préoccupe que le microcosme des métaux de base. Il ne fait aucun doute que cette position démesurée, soit 175.000 tonnes de métal, fait grimper les cours - ce qui s'appelle de la manipulation. Ils ont touché mardi un nouveau record historique, à 8.973,50 dollars la tonne. Ce qui valorise la position de JP Morgan à plus de 1,5 milliard de dollars.Demande supplémentaireOr le cuivre n'est pas un matériau anodin. Dans les pays de l'OCDE, chaque habitant en consomme près de 10 kg par an. Il rentre dans la composition des voitures, des fours, des réfrigérateurs, de tous les circuits électriques. La hausse de 21 % des cours du cuivre cette année se répercutera nécessairement sur le consommateur final. Une partie de cet envol est directement liée à cette situation de stocks anormale, alimentée par la création d'ETF (Exchange Traded Fund) sur le cuivre. JP Morgan est en effet en train de créer un fonds adossé sur le métal rouge, à l'instar de Deutsche Bank, BlackRock ou Goldman Sachs. Ce qui crée une demande supplémentaire de nature à gripper le marché. Plusieurs traders de métaux avaient d'ailleurs saisi, début novembre, la Financial Service Autority (FSA), pour l'alerter des risques de dysfonctionnements induits par ces nouveaux produits financiers. Les ETF existent déjà sur les métaux précieux, et surtout sur l'or. Mais contrairement au cuivre, l'or ne sert à rien : le lingot ne peut créer de l'inflation, puisqu'on ne le consomme pas. Sur le cuivre, la création d'une demande supplémentaire joue les gouttes d'eau dans un vase bien rempli. Car contrairement à la production de blé, l'offre de cuivre ne peut progresser d'une année sur l'autre. Et c'est là tout l'intérêt de détenir une position dominante sur le cuivre : le risque de krach est faible.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.