Le projet d'émission d'eurobonds agite l'exécutif européen

Le débat sur la création d'obligations d'État communes (« Eurobonds ») aux États de la zone euro pour protéger l'union monétaire de la spéculation a continué de diviser les Européens ce mardi. Alors que les écarts de taux sont désormais colossaux au sein de la zone euro, le Premier ministre Grec Georges Papandreou a indiqué qu'il soutenait cette approche. À l'inverse, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a réitéré le vif refus exprimé la veille par la Chancelière Angela Merkel.« Les débats sont ouverts et cela va continuer mais techniquement, il faudra du temps », estime Etienne Pourny, président de Stelphia AM. « Il faut modifier les traités à l'unanimité. En outre, ce projet pose des questions concernant la clé de répartition et la possibilité du projet sans gouvernance ni fédéralisme budgétaire », s'interroge René Defossez, stratégiste taux chez Natixis. « Au-delà, c'est une réponse assez séduisante, un premier pas vers le fédéralisme budgétaire nécessaire pour stabiliser la zone euro. Cela renforcerait le caractère irréversible de l'union monétaire et, sans éviter les crises futures, il en atténuerait l'impact », ajoute-t-il.En février dernier, l'Institut Montaigne avait publié une étude partant du constat que la crise de 2008 avait aggravé les déséquilibres au sein de la zone euro. Frédéric Bonnevay, l'auteur de l'étude, engageait à la création par étapes d'une agence de la dette européenne pour financer, dans un premier temps, la mise en place de projets de long terme franco-allemands. « Ce dispositif ferait porter la charge de l'emprunt sur l'ensemble de l'édifice économique européen, et non sur plusieurs piliers indépendants dont certains ne paraissent plus si solides aux yeux des investisseurs », explique Frédéric Bonnevay.Alors que le taux à 10 ans allemand stationne toujours sous 3 %, le taux à 10 ans grec s'affiche à plus de 11 %. Des disparités difficiles à gérer et que la mutualisation de la dette permettrait de court-circuiter. « Etant donné les fondamentaux économiques de la zone et sa situation équilibrée sur le plan des échanges mondiaux, cette dette pourrait devenir rapidement très attractive. Et ce d'autant plus, que la liquidité du marché des Eurobonds serait alors comparable à celle du marché américain », souligne René Defossez.Les émetteurs de la zone euro ont pour l'instant émis en 2010 814 milliards d'euros de dette à moyen et long terme, pour un stock total de l'ordre de 7.700 milliards, contre respectivement 2.200 milliards de dollars d'émissions et 8.000 milliards de stock aux États-Unis. Pour Etienne Pourny, « la logique serait que le taux d'émission d'Eurobonds soit celui du Bund corrigé des excès liés à son rôle de valeur refuge », soit environ 3,10 % à 3,20 %. Reste l'aspect politique. « La question de la gestion active de la dette nécessiterait une « plomberie »complexe sans mutualisation budgétaire », rappelle Raoul Salomon, responsable marchés de taux chez Barclays Capital.
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