Paris essuie une nouvelle défaite en Europe sur la présidence de l'Eurogroupe

Ce sera donc un Néerlandais qui remplacera un Luxembourgeois. Selon le site Internet du quotidien allemand Handelsblatt, c\'est Jeroen Dijsselbloem, le ministre néerlandais des Finances, qui occupera à partir du 2 mars le poste de président de l\'Eurogroupe, l\'instance qui regroupe les 17 ministres des Finances de la zone euro. Ce choix devrait être officiellement pris lors de la réunion du 21 janvier prochain.Réserves françaisesLes Français vont devoir s\'habituer à ce nom qui se prononce approximativement « yéroun deïsselbloum » et qui occupera une position importante tant l\'Eurogroupe a pris du poids dans l\'architecture européenne issue de la crise de la dette souveraine. C\'est par exemple cette instance qui examine les rapports de la troïka et donne son feu vert pour le déblocage des aides aux pays sous perfusion comme la Grèce. Et de façon informelle, c\'est souvent au sein de l\'Eurogroupe que l\'on forge les savants montages financiers destinés à empêcher la crise de s\'amplifier.Défaite françaiseSelon le Handelsblatt, la France serait encore réservée sur cette nomination. Jeroen Dijsselbloem se rendra à Bercy demain pour faire lever les réserves de Pierre Moscovici. En réalité, cette annonce dans le Handelsblatt laisse peu de doutes : l\'Allemagne pousse à la nomination du Néerlandais et entend ne pas s\'en laisser conter par Paris. Du reste, la marge de manœuvre de la France est très faible, alors même qu\'elle a été ce mardi après-midi la victime d\'une rumeur annonçant une nouvelle dégradation du pays. Encore une fois, Paris doit donc essuyer une nette défaite face à Berlin.La querelle franco-allemandePierre Moscovici, qui avait été un temps évoqué comme une candidat sérieux pour ce poste, devra donc se faire une raison. Il est vrai que l\'on voyait mal Wolfgang Schäuble, lui aussi candidat malheureux, laisser la place à son homologue français. Paris avait, lors de l\'arrivée au pouvoir de François Hollande, rejeté l\'option Schäuble.Un choix neutre ?Trouver un successeur à Jean-Claude Juncker n\'était donc pas aisé, tant les tensions franco-allemandes sur le sujet étaient fortes. Un temps évoqué, une présidence tournante entre Paris et Berlin a été abandonnée. Comme toujours dans ce cas, on cherche une solution neutre qui passe toujours par le Benelux. Mais on se tromperait en pensant que Jeroen Dijsselbloem est un « neutre. » Pays noté triple A, les Pays-Bas sont des orthodoxes sur le plan budgétaire au niveau européen, même s\'ils ont, leurs propres dérapages. Ils sont toujours, avec la Finlande, les plus sûrs alliés de l\'Allemagne et les défenseurs de la ligne « dure » de l\'austérité.Un homme de gauche modéréA 46 ans, Jeroen Dijsselbloem a pourtant tout pour plaire à Pierre Moscovici. Comme lui, il est un homme de gauche « raisonnable » et c\'est un politique pur qui occupe des postes au parti travailliste depuis le début des années 1990. Diplômé d\'économie à l\'université irlandaise de Cork, il a été jugé « modéré » par le Spiegel. Autrement dit, il devra faire ses preuves face à l\'opinion et au gouvernement allemand. Mais si Berlin le soutient, c\'est que Jeroen Dijsselbloem assume entièrement désormais la ligne définie par le chef de son gouvernement Mark Rutte, celle de soutenir la politique allemande. Bref, le ministre PS ne devra pas trop attendre de la part de son homologue travailliste.
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