Goldman Sachs assigné pour la distribution des bonus 2009

C'est une accusation en bonne et due forme qu'a déposé un fonds de pension américain (Illinois) à l'encontre de Goldman Sachs jeudi, quelques jours après une première assignation contre la même banque par un actionnaire individuel. Les deux contestent les sommes que la banque prévoit de distribuer sous forme de bonus à ses employés. La banque star de Wall Street a mis de côté 16,7 milliards de dollars au titre des neuf premiers mois de 2009, soit le même montant que le montant record atteint lors des trois premiers trimestres de 2007. Alors que récemment le président du groupe, Lloyd Blankfein, avait estimé que sa banque faisait « le travail de Dieu », justifiant ainsi les émoluments versés, l'argument ne semble pas avoir converti le fonds de pension. Dans son assignation, il demande ni plus ni moins que l'annulation de la distribution de ces primes, estimant qu'ils pénalisent les actionnaires. Selon l'assignation, ces chiffres « soulignent l'effondrement complet » de la supervision de l'entreprise. Elle estime également que l'aide fédérale dont la banque a bénéficié lui a permis de gonfler artificiellement ses résultats. Elle met en cause plusieurs cadres de la banque dont Lloyd Blankfein et le directeur général, Gary Cohn. Retenir les meilleurs Reste à savoir si cette initiiative donnera des idées à d'autres actionnaires, et notamment ceux de Bank of America (BoA). Alors que la justice américaine essaie déjà d'établir si les actionnaires de la banque ont été lésés par la distribution de bonus aux banquiers de Merrill Lynch (rachetée par Bank of America en janvier 2009) au titre de 2008, BoA annonce qu'elle va verser des primes record au titre de 2009. Dans un contexte de fort rebond des activités de marché l'an dernier, qui justifie le versement de primes importantes, la concurrence fait rage entre établissements et BoA craint de voir partir ses meilleurs éléments si elle ne les retient pas avec des arguments convaincants. La banque a en effet précisé que « certaines personnes recevront de très bons bonus car ils ont fait une très bonne année », tout en soulignant que l'enveloppe globale ne serait, elle, pas en croissance. En outre, après le remboursement, en décembre, de l'aide d'État de 45 milliards de dollars qu'elle avait reçue, la banque s'est libérée de la contrainte visant les rémunérations. Déception Ce retour à des pratiques pré-crises en matière de bonus déçoit finalement aussi celui qui fut chargé par Barack Obama de contrôler les rémunérations. Kenneth Feinberg a ainsi exprimé mercredi sa déception, estimant qu'il n'avait pas l'autorité suffisante pour avoir une influence réelle sur les salaires de Wall Street. Cette indifférence bancaire à l'égard de l'arsenal public en matière de maîtrise des rémunérations n'est néanmoins pas l'apanage des États-Unis. Ainsi, les banques britanniques qui vont devoir verser au fisc 50 % des bonus versés à leurs traders (au delà de 25.000 livres) ne semblent rien faire pour l'éviter, étant prêtes à dépenser des sommes considérables pour 2009. Mais finalement, le Trésor britannique s'en plaindra-t-il ?
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.