La dégradation du déficit commercial, une bonne nouvelle ?

Le déficit commercial tricolore est passé de 4,4 à 5,3 milliards d'euros entre octobre et novembre. Pour les plus pessimistes, cette statistique communiquée vendredi par les services des Douanes témoigne une fois de plus de l'incapacité de la France à rééquilibrer ses comptes extérieurs, en raison notamment de la perte de compétitivité de son industrie face à ses principaux concurrents comme l'Allemagne, du mauvais positionnement géographique de ses exportations et d'un taux de change euro/dollar trop défavorable. Pourtant, paradoxalement, cette nouvelle dégradation du déficit commercial pourrait constituer une assez bonne nouvelle. Pourquoi ? Parce qu'elle s'explique par une augmentation inédite depuis 2004 des importations (+ 4,6 %) qui, pour Alexander Law chez Xerfi, indiquerait que la demande industrielle serait en phase de réveil et, pour Marc Touati chez Global Equities, témoignerait de « la résistance de la consommation même si celle-ci profite avant tout à nos partenaires commerciaux ». Il est également intéressant de noter que cette vive augmentation des importations ne s'explique pas par une remontée de la facture énergétique, liée à l'approche de l'hiver, compte tenu de la clémence du climat en novembre. Au regard de la chute récente des températures, la donne devrait changer. Lors des prochaines publications des Douanes, il faudra donc bien dissocier les importations pouvant indiquer une éventuelle reprise, et celles liées à la simple augmentation du coût de l'énergie dans un contexte de remontée des cours du brut. Tout n'est pas rose pâle pour autant. Cette nouvelle plongée du commerce extérieur s'explique aussi par la faiblesse relative de nos exportations par rapport aux importations. Celles-ci n'affichent qu'une hausse de 2,1 % en raison de moindres livraisons d'Airbus en novembre. Seuls 17 avions ont été livrés contre une vingtaine habituellement. Ces ventes d'Airbus n'ont rapporté que 785 millions d'euros contre 1,149 milliard d'euros en octobre. « Dans l'automobile, les exportations ont été bien orientées, en particulier vers l'Espagne et l'Italie grâce aux mécanismes de prime à la casse en vigueur dans ces pays. Bien entendu, 2010 devrait être plus compliqué avec l'estompement progressif de ces mesures dans le Vieux Continent. De fait, les incitations gouvernementales ont provoqué une anticipation d'achats qui ne seront logiquement pas réalisés cette année. En ce sens, le second semestre sera particulièrement rude », avance Alexander Law. Dans ce contexte, il est assez peu probable que le commerce extérieur réédite au quatrième trimestre la performance signée au troisième, période au cours de laquelle il avait apporté 0,3 point de PIB à la croissance. Sans cet apport du commerce extérieur, la croissance aurait donc été nulle.
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