« Le dispositif texan, qui ne repose pas sur les quotas, pourrait être

Le système adopté par l'État du Texas repose sur le droit, pour un pourcentage des meilleurs élèves de tous les lycées de l'État, d'intégrer les universités publiques. « La Tribune » : Tout le monde parle de l'« affirmative action » aux États-Unis, mais le Texas, entre autres, l'a abandonnée dans l'enseignement supérieur?Patrick Weil : Le Texas, qui peut réellement nous servir d'exemple en France, a effectivement abandonné son système d'origine après une décision de justice donnant raison à des étudiants qui avaient attaqué parce qu'ils se sentaient lésés. Mais il l'a remplacé par un autre, voté par le Parlement du Texas, et signé par George Bush en 1997, quand il était gouverneur : depuis cette date, 10 % desmeilleurs élèves de tous les lycées du Texas (qu'ils soient dans des quartiers résidentiels, des ghettos regroupant des minorités ou des zones rurales) ont automatiquement un droit d'entrée dans les universités publiques de l'État (mais pas les universités privées). Le résultat, c'est que, dix ans plus tard, tandis que la diversité ethnique s'est modifiée, la proportion d'Afro-Américains dans ces universités était passée de 4 % à 6 %. « La Tribune » : Certes, mais les Noirs représentent 12 % de la population au Texas?Patrick Weil : Ce qui prouve bien qu'il ne s'agit pas d'un quota ! D'autre part, diversité sociale et géographique se sont fortement accrues, ce qui résout l'un des problèmes de l'affirmative action. « La Tribune » : Reste qu'il a dû être corrigé en raison d'effets pervers?Patrick Weil : On peut appeler cela la rançon du succès. Le système a dû être légèrement modifié du fait que, sur le total des places attribuées, les étudiants issus des « 10 % » se retrouvaient en très forte majorité au bout de quelques années. Un plafond a donc été fixé à 75 %. Autrement dit, les élèves issus des 10 % ne peuvent pas excéder 75 % du total des places offertes dans les universités publiques de l'État du Texas. « La Tribune » : Pourrait-on transposer ce système en France, où les objections sur les quotas sont nombreuses ?Patrick Weil : Absolument. L'avantage de ce système, c'est qu'on ne peut pas dire « ces gens-là sont à l'université parce qu'ils sont noirs ou hispaniques », ils y sont tout simplement parce qu'ils sont les meilleurs dans leur lycée. Cela évite la stigmatisation. Il faut, de mon point de vue, que chaque lycéen de France ait ses chances, quel que soit l'endroit où le hasard de sa naissance le fait étudier.Les meilleurs élèves de chaque lycée pourraient aussi bien avoir accès aux classes préparatoires, aux IUT ou à l'université Dauphine, de même qu'à Sciences po Paris ou aux IEP deprovince. Sans que ce soit une obligation. Tous les élèves quiont un droit au Texas ne l'exercent pas, loin s'en faut. Mais c'est un dispositif accessible à tous et clair pour les élèves, les professeurs et les parents. Il est en outre plus juste que des dispositifs centrés sur quelques dizaines de lycées de France (Sciences po), ou sur les bourses peu transparentes et pas toujours attribuées aux élèves les plus nécessiteux.
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