Les propositions espagnoles pour une Europe économique font tousser ses partenaires

Un objectif : coordonner les politiques économiques des Vingt-Sept en matière de sortie de la crise. Un instrument : la stratégie 2020, qui établira au niveau communautaire les réformes nécessaires durant la décennie qui commence pour rendre durable un tel acquis. Et un moyen de pression : la menace de sanctions financières pour les pays récalcitrants. Ce sont là les paramètres d'un futur gouvernement économique européen, que prône la présidence espagnole de l'Union européenne mais qui risquent de créer quelques dissensions chez ses partenaires. À écouter Madrid, seule l'introduction d'éléments contraignants obligeant les États membres à respecter les règles du jeu garantirait en effet la réussite de cette stratégie. C'est bien la fixation de chiffres et de délais concrets, ainsi que de pénalisations, qui a permis, observe-t-on à Madrid, le succès du traité de Maastricht et du pacte de stabilité. A contrario, c'est leur absence qui a conduit à l'échec de l'agenda de Lisbonne. La récession a changé les positions des paysCette vision de l'Europe, développée jeudi soir par le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, devant quelques journalistes, a été accueillie avec réserve par le gouvernement allemand. « Il y a là quelques idées de fond qui ne sont pas fausses. Il s'agit de renforcer la croissance en Europe, de stimuler la création d'emplois, et ce sont précisément les thèmes qui nous préoccupent ? comment générer de la croissance, plus d'emplois et de recettes fiscales ?, et il s'agit des stratégies de sortie de crise que nous voulons trouver à partir de 2011 », a expliqué, à Berlin, le porte-parole du ministère des Finances, Michael Offer. « Ce sont des réflexions légitimes et, en ce sens, il est bon que la présidence espagnole (de l'Union européenne #8211; UE) apporte de nouvelles propositions dans la discussion. Mais cela ne veut pas dire qu'elles seront un jour mises en ?uvre à la lettre », a-t-il ajouté.Madrid risque aussi de s'attirer les foudres de la Grande-Bretagne et des États les plus libéraux, rétifs à toute interventionnisme de l'UE dans les choix budgétaires nationaux. Mais la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado, a estimé vendredi que « la récession a changé les positions d'un certain nombre de pays », qui sont « beaucoup plus conscients du besoin d'une coopération renforcée ». Le projet de Madrid est en tout cas du miel pour Paris qui milite depuis des années en faveur d'un « gouvernement économique » au moins au niveau de la zone euro. Autant dire que le sommet économique du 11 février, qui verra se réunir à Bruxelles un premier Conseil des ministres informel ne sera pas placé sous le signe du consensus. É. C avec T. M.
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