Washington craint un rapprochement entre Paris et Pékin pour contrer le dollar

« La présidence française du G20 offre à l'Europe l'occasion de se rapprocher de la Chine, sur l'avenir du système financier international » (SMI). Ce constat, exprimé par Yves Tiberghien, professeur associé à l'université British Columbia (Canada) lors d'un séminaire organisé lundi à Paris par le centre de recherche Asia Centre, commence à inquiéter les responsables américains. Une alliance entre la France, l'un des principaux États européens, et la Chine peut-elle menacer la suprématie du dollar ? Les réactions de la Maison-Blanche des dernières semaines donnent la mesure de l'inquiétude. Mardi, Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor, a critiqué l'objectif français de contrôler la spéculation sur les matières premières (voir article ci-dessus). La Maison-Blanche avait déjà exprimé ses réserves sur le menu du G20 français lors du passage à Washington de Nicolas Sarkozy, début janvier. Pas question d'un nouveau Bretton Woods, avait fait comprendre le Trésor à propos de la volonté de Paris de réformer le SMI, seule la flexibilité des parités de change permettra à l'économie internationale de sortir de ses déséquilibres, estiment les Américains. Convergence théoriqueIl est vrai que Pékin et Paris se sont relayés pour mener l'offensive contre le dollar. En mars 2009, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine, a plaidé pour remplacer le dollar, monnaie de réserve internationale, par une monnaie fondée sur un panier de devises qui serait gérée par le Fonds monétaire international et permettrait de « préserver la stabilité du système économique et financier international ». En janvier, Nicolas Sarkozy a pris le relais : « Je pars demain à Washington pour expliquer que le dollar qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à Bretton Woods, était la seule monnaie du monde, ne peut plus prétendre à être la seule monnaie du monde », avait-il lancé. Bien qu'elle soit sans ambiguïté, cette convergence franco- chinoise demeure assez théorique. « Côté chinois, cette convergence ne transparaît que dans les propos des technocrates, des académiques mais pas dans ceux des responsables politiques », souligne Yves Tiberghien, pour qui « elle n'a pas trouvé pour l'instant d'expression politique ».Laurent Chemineau
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