La mère de toutes les batailles

La bataille de Grèce n'est pas tout à fait achevée mais elle n'a pas donné lieu à l'explosion prévue (ou souhaitée) par certains acteurs des marchés. Ne soyez pas surpris, c'était prévisible. Car la bataille de Grèce est un leurre. Une diversion. Une répétition même. Un test des différents rouages de la spéculation : les CDS, les obligations d'État, les devises. Un test aussi de capacité de réaction des autorités. Or l'attaque sur la Grèce a provoqué une levée de boucliers de la part de la Banque centrale européenne, de l'Union européenne, des gouvernements européens comme celui de l'Allemagne. Le front monétaire européen va même accoucher d'un fonds monétaire européen. La Grèce s'est même payé le luxe d'exclure les hedge funds de sa levée d'emprunts sur les marchés la semaine dernière. Aujourd'hui, tous les acteurs du marché sont en train de tirer les enseignements de cette première offensive sérieuse contre un État et sa dette. Pour préparer la suivante. Peut-être la bataille ultime, à plusieurs dizaines de milliards de dollars de profits potentiels, la bataille sur la dette américaine. Tous les protagonistes sont en place. ? 1. La Chine a cessé de participer aux adjudications américaines. Pour la première fois en janvier, la Chine a même massivement vendu une partie de son stock d'obligations américaines. ? 2. Les États-Unis ont tout de suite créé une commission nationale pour étudier les conséquences du désengagement potentiel de la Chine et Hillary Clinton a déclaré que la dette n'était plus un sujet économique mais un sujet hautement stratégique. ? 3. Le gouvernement Obama n'a aucune marge de manoeuvre sur le déficit budgétaire. Malgré des déclarations de bonnes intentions, il lui sera impossible de contrôler le déficit budgétaire en augmentant massivement les impôts ou de ne pas tenir ses promesses de couverture sociale et de santé, extrêmement coûteuses. ? 4. La banque centrale américaine ne peut plus acheter elle-même les obligations émises par le Trésor américain. Elle doit au contraire organiser sa stratégie de sortie de crise (« exit strategy »). Pourquoi, alors que tous ces éléments sont connus, le combat n'a-t-il pas encore commencé et le Trésor américain n'a aucun mal à emprunter ? La raison est simple. Les ménages américains sont tétanisés, ils ne consomment plus, ils épargnent et cette nouvelle épargne, estimée à plus de 700 milliards de dollars, va s'investir directement dans les obligations du Trésor. De plus, l'économie ne redémarrant pas, l'inflation reste contenue et les taux relativement bas. Quel est donc le scénario qui pourra provoquer la déflagration ? La croissance américaine va accélérer dans les mois qui viennent, l'emploi va repartir brutalement quelques mois entraînant un rebond de la consommation. Les taux longs vont donc remonter et le coût de la dette américaine se renchérir fortement. Il suffira d'une adjudication hebdomadaire qui se passe mal et toutes les armées spéculatives se rueront sur le champ de bataille en achetant les CDS sur la dette américaine, en vendant massivement à découvert les obligations américaines et en provoquant l'effondrement du dollar. Les agences de notation rajouteront de l'huile sur le feu en supprimant enfin, avec deux ans de retard, le fameux « AA » américain et le cercle vicieux sera enclenché. Ce scénario n'est pas un scénario catastrophe. C'est le scénario qui se cache derrière le leurre grec. Mais nous avons encore quelques mois de répit. Repartez en vacances. ?À contre- courant marc fiorentino Stratège d'Allofinance.com
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