Total scelle le sort du site de Dunkerque

cite>Total a confirmé lundi, lors d'un comité d'entreprise, son intention de fermer la raffinerie de Dunkerque, à l'arrêt depuis septembre. Un projet qui avait entraîné une grève dans l'ensemble des raffineries du groupe il y a deux semaines, menaçant le pays d'une pénurie de carburant. Le groupe a souligné qu'il ne procéderait à aucun licenciement parmi les 370 salariés du site et qu'il garantirait un emploi à chaque salarié concerné.Après cette annonce, des incidents ont éclaté devant une des deux tours Total du quartier de La Défense, où environ 300 salariés s'étaient rassemblés. Certains ont tenté de pénétrer à l'intérieur du siège, mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre. Des vitres ont été brisées.Éric Sellini, délégué syndical central CGT de l'aval (raffinage et distribution) chez Total, a déploré que ce projet n'apporte « rien de neuf », indiquant que le syndicat appellerait à une intersyndicale jeudi pour statuer sur les suites à donner au mouvement. Une reprise de la grève sera « bien sûr » à l'ordre du jour, a-t-il ajouté. La CGT, la plus représentée dans l'aval, ne devrait toutefois pas être suivie par les deux autres syndicats représentatifs de l'entité sur une relance du mouvement. « A minima, on attendra un résultat de l'expertise [que la CFDT compte requérir dans le cadre du dialogue social] qui proposera des solutions alternatives pour le site », a déclaré François Pelegrina, coordinateur CFDT du groupe. Charles Keller, représentant CFE-CGC dans l'aval, a, lui, indiqué ne pas plaider pour un redémarrage de la raffinerie des Flandres, qualifiée de « cause perdue ». « Nous comptons nous battre pour que le projet de reconversion soit le plus industriel possible et conserver l'emploi local dans le Dunkerquois », a-t-il ajouté.240 postes maintenus sur placeLe projet de reconversion du site présenté lundi par Total prévoit la création de trois nouvelles activités - un centre d'assistance technique aux opérations de raffinage, un centre de formation aux métiers techniques du raffinage, la création d'un dépôt logistique - assurant le maintien sur place de 240 des 375 postes. Le groupe propose un changement de poste à 110 autres personnes et des retraites anticipées pour 20 employés. Total a aussi confirmé son intention de prendre une part de 10 % dans le terminal méthanier qu'EDF compte implanter sur place, qui devrait ouvrir en 2014. Ce projet a été accueilli « très positivement » par le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, qui a ajouté attendre « que cette première réponse soit complétée ».Total affirme que la raffinerie de Dunkerque a perdu plus de 130 millions d'euros en 2009 et, plus largement, il chiffre à 900 millions ses pertes sur ses opérations européennes sur l'exercice. De fait, selon les chiffres diffusés par l'industrie, le raffinage européen pâtit déjà de surcapacités de production d'environ 10 %, dues notamment à la « diésélisation » du parc automobile. Dans l'Hexagone, selon l'Union française des industries pétrolières, la consommation de super est passée de 16 millions de tonnes à 9 millions entre 1994 et 2008, tandis que celle de diesel augmentait de 21 millions de tonnes à 32 millions. Or, il n'est pas possible, en raffinant du pétrole brut, d'obtenir moins de 18 % d'essence. Et le principal débouché de cette essence en surplus, les États-Unis, s'est contracté pendant la crise.D'ailleurs, Total a arrêté en août une des deux tours de distillation de sa plus importante raffinerie française, en Normandie, et prévu d'y réduire sa capacité de 16 millions de tonnes à 12 millions. Michel Bénézit, le patron du raffinage, n'a pas caché son intention d'ajuster encore ses capacités, soulignant toutefois que « les réductions de capacités en Europe se feraient hors de France ».
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