Bataille pour la porte d'entrée de la Toile

Le 1er mars, beaucoup d'internautes ont fait une découverte : Internet Explorer (IE) n'est pas le seul outil pour naviguer sur le Web. Ils ont appris la nouvelle grâce à la « fenêtre de choix » apparue sur leur écran d'ordinateur proposant la douzaine de navigateurs disponibles sur le marché, incluant en plus d'Explorer, Firefox (Mozilla), Chrome (Google), Safari (Apple) ou Opera. Imposé par la Commission européenne à Microsoft à la suite d'une plainte du norvégien Opéra, le dispositif a pour but de relancer la concurrence dans un domaine longtemps dominé par Microsoft.Une semaine après le début de l'opération, certains se réjouissent déjà. À l'image du plaignant, Opera, qui assure que le nombre de téléchargements de son logiciel a triplé en Belgique, en Pologne, en Grande-Bretagne et en Espagne. Une situation peu étonnante dans la mesure où Opera ne possède que 2,35 % de parts de marché dans le monde, selon les chiffres de février de NetApplications. Si en deux ou trois jours, Firefox a enregistré 50.000 téléchargements grâce à la fenêtre de Microsoft, il est encore tôt pour tirer un bilan.impact maginal« On ne connaît pas encore l'impact réel sur Firefox, dans la mesure où nous enregistrons 2 millions de téléchargements chaque jour. En France, pour l'instant, c'est assez marginal », indique Tristan Nitot, président Europe de la fondation à but non lucratif Mozilla, qui a développé ce navigateur. Parti de zéro en 2004, Firefox est le seul à avoir réussi à ébranler Internet Explorer, en position de quasi-monopole (plus de 90 %) jusqu'en 2006. Le challenger a conquis aujourd'hui 24 % du marché dans le monde et 35 % en Europe.La « fenêtre » de Microsoft pourrait profiter davantage à Chrome, le navigateur lancé par Google il y a dix-huit mois. Chrome a déjà réussi à capter 5,6 % du marché, reléguant à la quatrième place Safari, le navigateur d'Apple. Globalement, c'est tout le marché, et surtout l'internaute, qui devrait profiter de la mesure imposée par Bruxelles. « C'est un changement qualitatif. Cela fait comprendre aux gens qu'ils ont le choix et que ce n'est pas anodin. Les choix se feront au détriment de Microsoft », affirme Tristan Nitot.Si pour l'internaute, Internet Explorer est beaucoup plus pratique à utiliser qu'avant, le navigateur reste « technologiquement en retard ». Le logiciel n'intègre toujours pas le HTML 5, dernier standard du Web centré sur l'audio et la vidéo, qui permet par exemple de faire des graphiques animés ou du montage photo. Avec 61 % du marché au niveau mondial, Internet Explorer lui préfère Silverlight, technologie identique mais propriétaire et brevetée par Microsoft. Mais face à l'offensive de la concurrence, l'éditeur de logiciels pourrait changer son fusil d'épaule. Le groupe pourrait même annoncer une version 9 d'Internet Explorer enrichie lors de la conférence Mix de la semaine prochaine à Las Vegas.« faire avancer le Web »En attendant, la concurrence s'avère également accrue pour Firefox. « C'est sûr. Mais nous ne sommes pas inquiets, car nous ne sommes pas une entreprise lucrative. Notre objectif n'est pas de faire des parts de marché pour gagner plus d'argent, mais de faire avancer le Web. Même si nous perdions du terrain, l'important c'est de rester influent », indique Tristan Nitot. En octobre 2008, Mozilla a reconduit pour trois ans son accord publicitaire avec Google, son principal partenaire. Tous les partenaires de la fondation lui assurent une centaine de millions de dollars de revenus par an. Et Tristan Nitot d'assurer qu'une baisse de la part de marché ou de l'audience de Firefox n'entraînerait pas de recul des recettes.
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