Les banques tardent à se délester de leurs actifs toxiques

Alors que le marché de la titrisation tente un timide redémarrage en Europe, porté par de nouvelles opérations sur le marché primaire, les banques ne semblent pas pressées de se délester des fameux « actifs toxiques » qui leur ont coûté si cher pendant la crise financière. En Europe notamment, elles détiennent actuellement, selon Royal Bank of Scotland (voir illustration), près de 70 % de l'encours des titres de dette adossés à des crédits (ABS). Une situation nouvelle, puisque cet encours était auparavant réparti entre différents types de détenteurs, notamment les « véhicules » utilisés par les banques pour réaliser des opérations de titrisation. Des véhicules dont le plupart ont dû être supprimés au plus fort de la crise, forçant les banques à récupérer les titres qu'ils contenaient. S'ils ont souvent été cantonnés, comme chez Natixis, Crédit Agricolegricole CIB ou encore Société Généralecute; Générale, ces actifs illiquides et risqués continuent donc à encombrer les bilans des banques, qui restent exposés au risque de crédit lié aux créances sous-jacentes. Un problème d'autant plus prégnant que la réforme en cours des règles prudentielles de « Bâle II » devrait alourdir sensiblement les exigences de fonds propres liées à la détention de ces actifs titrisés. Pourtant, « la valorisation de ces actifs hérités de la crise a profité depuis juin 2009 d'un rebond technique historique (de 10 % à plus de 100 % selon l'actif et la notation) par son ampleur, profitant du retour de l'appétit pour le risque dans un marché où l'offre reste limitée, puisque seul 15 % de l'encours total est activement échangé », explique Mathieu Chabran, associé et responsable de l'investissement de Tikehau Investment Management. à ses yeux, « les banques disposent donc d'une fenêtre de marché pour céder ces actifs ». arbitrage difficileDe telles cessions leur permettraient de réduire leur profil de risque, mais aussi de récupérer du cash et de libérer des fonds propres, qui pourraient être employés de façon plus rentable. Mais encore faudrait-il que les banques concernées soient prêtes à subir une perte au moment de la cession, dans la perspective de gagner davantage à plus long terme. Un arbitrage difficile pour des établissements dont les actionnaires sont excédés par la litanie des pertes sur actifs toxiques... « Aujourd'hui, les investisseurs qui s'intéressent à ces actifs proposent de les racheter avec des décotes trop importantes pour que cela intéresse les banques, donc celles-ci préfèrent les garder et, s'il y a lieu, passer des provisions en attendant que le marché se redresse », explique David Lacaze, avocat associé au cabinet Paul Hastings. Autant dire que le redémarrage du marché secondaire pourrait encore se faire attendre.
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