Stephen Jen, Blue Gold Capital Management(*)La Grèce peut-elle faire défaut?Je pense que oui et que c'est juste une question de temps. Les plans de sauvetage du FMI et de l'Europe vont sans doute permettre de ralentir le mouvement, mais ils ne devraient en rien changer l'issue de cette situation. La Grèce reste non compétitive, et sa croissance sera trop faible au cours des prochaines années pour lui permettre de réduire son déficit alors que les intérêts de la dette continuent d'augmenter. En d'autres termes, le ratio de la dette sur PNB peut augmenter sans limites. A cela s'ajoute, depuis peu, une crise bancaire, provoquée par les transferts d'argent des résidents grecs vers les banques hollandaises, allemandes et suisses. Cette fuite de capitaux risque d'assécher les dépôts des banques locales et de réduire leur capacité à octroyer des crédits en vue de soutenir l'économie.Quelle est la solution ?Je ne crois malheureusement pas qu'il y en ait une. C'est d'ailleurs ce que les investisseurs obligataires viennent de réaliser. Chaque once d'argent frais investi en Grèce est susceptible de devenir du « bad money ». Les prêts du FMI peuvent mal tourner, de même que ceux effectués par la France et l'Allemagne peuvent ne pas être remboursés. Quelles conséquences faut-il en tirer pour l'euro ? En cas de défaut, l'euro devrait s'affaiblir, peut-être jusqu'à 1,23 voire plus. Mais loin d'être un désastre, ce sera sans doute le seul choc positif que la Grèce peut encore espérer. Faut-il craindre une contagion à d'autres pays d'Europe ? A mon sens, la Grèce n'est pas un «Lehman européen». Les connexions ne sont pas aussi denses que lors de la faillite de Lehman. Mais les rendements de la dette portugaise et espagnole peuvent augmenter légèrement. De même que les banques européennes, exposées à la dette grecque, risquent de souffrir.Propos recueillis par Marjorie Bertouille

latribune.fr

08 Avr 2010, 23:21

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