« Elle tombe bien cette exposition. Je l'ai attendue cinquante ans ! » s'exclame Claude Parent, à l'honneur à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris. Rendre hommage à son travail, c'est rendre compte d'une vision large et transversale. Sur l'art par exemple. En témoigne le pavillon français de la Biennale de Venise qu'on lui confie en 1968. La biennale d'art, et non d'architecture. « Claude Parent est un architecte au service des artistes », déclare Francis Rambert, co-commissaire de l'exposition et directeur de l'Institut français d'architecture.Sans être un urbaniste, il s'intéresse à la ville. Ses projets comme « Paris Parallèle », envisageant une croissance vers la banlieue ouest, ne sont pas sans nous rappeler le projet du « Grand Paris ». L'architecte invente aussi le réacteur bombé pour EDF lorsqu'il est nommé directeur artistique du programme « Architecture du nucléaire » dans les années 1970.En 1963, avec le groupe fondé avec l'urbaniste et essayiste Paul Virilio, il met en avant le concept de la « fonction oblique », ce qui fait de lui ce héros de la modernité. Il se bat pour imposer sa vision d'un univers composé de plans inclinés. « Les formes obliques, ça dynamise ! Il faut réveiller le corps », s'écrie-t-il. Un des exemples les plus frappants est l'église Sainte-Bernadette-du-Banlay, à Nevers, véritable monolithe de béton, semblable à un bunker. Une manière de transformer un monument de guerre en monument de paix : « Le mur n'est pas un art de vivre. À Berlin comme à Jérusalem, ça sépare les hommes. »« Le travail de Claude Parent est une succession de rencontres et de ruptures », déclare Francis Rambert. Quoi de plus logique alors que d'appeler pour la scénographie Jean Nouvel, qui fit ses débuts dans l'agence de Parent. « Travailler à ses côtés a changé ma vie. C'est important d'avoir une voix qui montre une autre voie », explique ce dernier. Marine Cluet

latribune.fr

08 Avr 2010, 23:22

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