Le nouveau Pacte de stabilité est arrivé

Tels les habitants d'un royaume assiégé forcés de revoir leur système de défense et de tailler dans leur train de vie, les Vingt-Sept travaillent à une révision radicale de leurs habitudes budgétaires. Ils n'ont pas le choix. La montée des risques souverains et les faiblesses persistantes de nombreuses banques maintiennent les marchés dans un état de veille fébrile. L'arme au pied, ils ont le regard rivé sur la courbe des déficits et de la croissance.Pour les dissuader d'attaquer, les Européens veulent se livrer à une démonstration de discipline, sinon de force, sous la houlette du général Herman van Rompuy. Cette semaine, à Luxembourg, le président du Conseil européen, chargé de préparer une réforme de la gouvernance économique de l'Union, avait choisi de s'atteler en priorité à la discipline fiscale et aux écarts de compétitivité. Sa première manoeuvre a été couronnée de succès. Contre toute attente, il a obtenu lundi soir l'accord des Vingt-Sept pour créer un « semestre européen ». Il s'agit d'inscrire dans les procédures budgétaires européennes, un examen par les pairs. Son principe devrait être validé dès la semaine prochaine par les chefs d'état et de gouvernement. L'idée, évoquée par José Manuel Barroso en mai, avait provoqué une levée de boucliers des parlementaires nationaux qui y voyaient une violation de leur souveraineté. Elle a fait son chemin, au prix de quelques éclaircissements. « Il ne s'agit pas de soumettre les budgets nationaux dans le détail », à la Commission et à l'Ecofin, mais uniquement « leurs paramètres : soldes, hypothèses, évolutions », a précisé la ministre de l'economie française, Christine Lagarde, mardi matin. « Nous sommes heureux d'envoyer notre projet de budget à la Commission, dès lors que le Parlement l'a eu », expliquait un diplomate britannique.dettes sous surveillanceD'autres transformations de l'arsenal européen sont en préparation. « Nous voulons porter plus d'attention à la dette », a expliqué Herman van Rompuy. « Au sens large », a ajouté Christine Lagarde. Non seulement le plafond des dettes publiques fixé à 60 % du PIB est maintenu, mais la Commission se penchera également à l'avenir sur son placement ainsi que sur l'endettement du secteur privé. La situation de pays comme la Belgique ou l'Italie, dont la dette est essentiellement placée auprès des investisseurs nationaux, sera jugée moins inquiétante que celle d'un pays dont les administrations publiques sont plus dépendantes des financements externes. Mais il reste encore du chemin avant de mettre le camp européen en ordre. Si les chefs d'état suivent effectivement les propositions du groupe van Rompuy, la Commission travaillera dès juillet sur la nouvelle procédure en déficit excessif mais également sur des indicateurs de suivi de la compétitivité. Et cela ne suffira probablement pas pour que les marchés lèvent le siège.
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