Regards d'enfants sur les expulsions de sans-papiers

Militant un jour. Militant toujours ? Avec les années, le réalisateur Romain Goupil évolue, se transforme. Il n'en reste pas moins que cet ancien dirigeant trotskyste des années 1960-1970 continue de s'engager fortement pour les causes qu'il estime justes. Il en va ainsi des sans-papiers menacés d'expulsion. Pour autant, avec « les Mains en l'air », Romain Goupil n'a pas voulu signer un film dramatique. Au contraire, en plaçant sa caméra au niveau des enfants. Il a cherché à donner un peu de légèreté à un sujet très sérieux. Milana, d'origine tchéthène, est en classe de CM2 à Paris. Les copains de sa bande sont Blaise, Alice, Claudio, Ali et Youssef. Tous ensemble, ils font les quatre cents coups. Mais, un jour, Youssef, qui n'a pas de papier, est expulsé. Puis c'est au tour de Milana d'être menacée. Les enfants décident alors de réagir... et disparaissent. Cassure avec les adultesAvec cette histoire, Goupil montre la cassure entre le monde des adultes et celui des enfants. Autant la mère des petits Blaise et Alice ? interprétée par une Valéria Bruni-Tesdechi qui surjoue un peu trop la femme tourmentée et politiquement engagée ? apparaît de plus en plus angoissée au fur et à mesure que l'étau se ressert autour des enfants de sans-papiers, autant les enfants continuent d'être zen tout en décidant de prendre les choses en main face à l'aberrante politique d'expulsion. Plus les adultes s'affolent, plus les enfants s'autonomisent. Comme s'ils n'avaient plus confiance qu'en eux. On retrouve là la notion de groupe, chère à Romain Goupil depuis son premier film « Mourir à 30 ans ». A cet égard, le casting des enfants est formidable : ils dégagent tous une grande sensation de naturel, d'autant plus que Goupil a veillé à ne pas leur faire parler un langage « d'jeuns » trop caricatural. Cela donne un ton assez frais au film. On entre bien dans l'histoire. On rit. On est ému.Reste qu'au niveau des pures qualités cinématographiques, Romain Goupil a assuré le service minimum. Qu'il s'agisse des décors, des cadrages et de la qualité de l'image, on a davantage la sensation de visionner un bon téléfilm plutôt qu'un vrai film de cinéma.Jean-Christophe Chanut
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