Et si la reprise économique était (déjà) finie en Europe ?

Annoncée par tous voici quelques semaines, la reprise économique européenne montre déjà des signes d\'essoufflement. Plusieurs statistiques semblent en effet remettre en cause le scénario rêvé par les dirigeants européens : une reprise des exportations permettant de relancer l\'investissement et, plus tard, la consommation. En mars et en avril, quelques chiffres encourageants avaient redonné espoir à l\'Europe. Mais mai s\'annonce plus difficile.Le scénario de la reprisePour que ce scénario fonctionne, il faut que l\'Allemagne, première économie de la zone euro, serve de locomotive au reste de la zone euro qui reste très déprimée. Le redémarrage de l\'investissement outre-Rhin relancera les achats dans les pays de la zone euro, notamment ceux de l\'Europe périphérique qui devrait bénéficier de l\'amélioration supposée de leur compétitivité. Jusqu\'ici, tout allait bien puisque les principaux instituts allemands avaient révisé à la hausse les prévisions de croissance pour cette année.Baisse des commandes industriellesDepuis quelques jours, cependant, rien ne va plus. Vendredi, on apprenait que les commandes à l\'industrie en Allemagne ont reculé de 1,3 % en mai après avoir déjà baissé de 2,2 % en avril. Les économistes tablaient en moyenne sur une hausse de 1,2 %. Certes, les commandes hors zone euro progressent de 1,1 %, mais le recul des commandes de la zone euro (-3,9 %) et d\'Allemagne (-2 %) plombe cette statistique. Autrement dit, l\'effet favorable du commerce international n\'est pas suffisant pour faire repartir l\'activité.Baisse des exportations et de la production industrielleLes chiffres publiés ce lundi viennent confirmer ce fait. En mai, la production industrielle a rechuté de 1 % après une progression de 2 % en avril. Là encore, le chiffre est plus faible que celui du consensus qui tablait sur un recul de 0,5 %. Sur un an, la production industrielle accuse un recul de 1,1 %. C\'est la plus forte chute depuis octobre dernier, autrement dit depuis le début du dernier trimestre 2012 qui avait vu le PIB allemand reculer de 0,7 %. Autre chiffre inquiétant : celui des exportations qui, en mai, ont reculé de 4,8 % sur un an (-2,4 % sur un mois). Là encore, la chute s\'explique par l\'effondrement des ventes à la zone euro de 9,6 %.Le salut par la demande interne ?Certes, l\'indice Ifo du climat des affaires a, en juin, continué de progresser, ce qui est une bonne nouvelle, même si cette progression a clairement décéléré. Mais une chose semble acquise : l\'Allemagne aura bien du mal à baser sa reprise sur la demande externe. Quant à sa demande interne, elle semble certes plus solide compte tenu de la résistance de l\'emploi (qui se dégrade néanmoins depuis le début de l\'année) et des revenus : les ventes au détail en juin ont progressé de 0,8 % en juin, pour la première fois depuis janvier. Mais il n\'est pas sûr que cette reprise soit suffisante. Et qu\'elle alimente surtout les importations en provenance des pays de la zone euro.Dynamisme externe ?Certains, comme les économistes de BNP Paribas, estiment que les chiffres industriels allemands devraient s\'améliorer avec l\'amélioration de la conjoncture en zone euro. Mais c\'est un cercle sans fin, car quel pourrait être en effet, si ce n\'est pas la demande allemande, le facteur qui dynamiserait le reste de la zone euro au point que ces économies recommencent à commander des produits allemands ? Certainement pas la demande extérieure dans la mesure où plusieurs pays émergents, à commencer par la Chine, vont connaître un ralentissement de leur croissance. Du reste, le cas allemand ne semble pas isolé : ce lundi ont apprenait également que la production industrielle de la Suède - un pays en théorie très compétitif -a plongé en mai de 2,6 % contre une hausse attendue par les économistes de 0,6 %. Autrement dit, le dynamisme des exportations semble s\'essouffler partout. La zone euro ne devrait pas faire exception.Retour de la crise ?Et si les Allemands, qui ont préservé une grande partie de leur compétitivité (les salaires réels en 2012 ont reculé pour la première fois depuis 2009) et qui disposent sur certains biens d\'équipement d\'un quasi monopole, ne parviennent pas à progresser, comment espérer que les entreprises espagnoles ou italiennes affichent des progressions importantes ? Quant à la demande intérieure de ces pays, il est difficile d\'espérer une vraie reprise. Le FMI a récemment revu à la baisse sa prévision de croissance pour l\'Italie et la Grèce a pris de nouvelles mesures d\'austérité. Enfin, en France, l\'année 2014 sera difficile, avec notamment l\'effet des hausses de TVA. Bref, le scénario « idéal » des Européens semblent avoir - déjà - du plomb dans l\'aile. Or, s\'il n\'y a pas de reprise comme prévu au second semestre, la situation des pays périphériques de la zone euro deviendra très difficile. 
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