Ducati invente le trail de grand prix

Les mains se placent naturellement sur son guidon assez haut, la selle est large et confortable mais un seul adjectif convient à son moteur : violent. Ce bicylindre en V, qui cube 1.198 centimètres cubes, a été éprouvé en championnat du monde Superbike. Il fait de la Multistrada un engin surmotorisé. Limité à 106 chevaux par la législation française (150 chevaux avant le bridage), mais terriblement expressif à haut régime, il vous oblige à bloquer bras, buste et épaules sous peine de lever dangereusement la roue avant.De la moto tout-chemin, la Multistrada adopte la ligne haute sur pattes : 170 millimètres de débattement à la roue arrière, c'est assez pour affronter les creux et les bosses de nos sentiers de campagne. L'agilité du châssis est renforcée par les suspensions Öhlins que Ducati est allé chercher chez un équipementier suédois, facteur de sécurité en usage quotidien. Envie de chemins verts ? Les larges pneumatiques (190 millimètres à l'arrière) destinés à passer au sol la cavalerie italienne n'aiment ni la boue ni le sable. Mais ils rassurent sur gravillons en rase campagne. Les départementales sinueuses offrent le plus beau terrain d'expression à la Multistrada. Les freins avec système antiblocage assurent un transfert des masses très franc en entrée de virage. Dans les courbes, le motard averti placera facilement la moto au point de corde, sans se soucier de la qualité du bitume. Afin de tempérer son caractère rageur, Ducati a doté la Multistrada d'une gestion électronique programmable en quatre modes, sport, « touring », enduro et urbain. Ce dernier adoucit l'accélération et rend le moteur plus disponible à bas régime. Sur route, le bicylindre ne semble à l'aise qu'à partir de 4.000 tours/minute. La vitesse de croisière est atteinte dès le quatrième rapport. Les deux derniers sont donc inutiles.Pour rouler à 90 kilomètres/heure, la Multistrada est beaucoup moins polyvalente que la BMW 1200 GS, concurrente historique à laquelle elle tentera de voler quelques clients. Première différence, l'accastillage de l'allemande est vraiment typé enduro. Pas l'italienne, dont les accessoires sont très exposés à la casse en cas de chute. Deuxième point, le bicylindre bavarois est réputé plus souple et moins gourmand. Chez le concessionnaire, les deux motos partagent un prix de vente élevé. La Multistrada S est facturée 18.900 euros : un record pour une moto tout-chemin. Et son entretien, malgré les efforts de Ducati qui recommande les réglages de soupapes et les changements de courroies à 24.000 kilomètres, restera parmi les plus onéreux.Olivier Mirguet
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