Carolina De Robertis ? : « Je voulais raconter ? l'histoire invisible ? de l'Uruguay »

Avec « la Montagne invisible », véritable best-seller aux États-Unis, l'écrivain Carolina De Robertis nous transporte en Uruguay, son pays d'origine. L'histoire de Pajarita, la grand-mère, Eva la fille et Salomé la petite-fille. Trois destins extraordinaires, avec l'histoire politique et sociale de l'Uruguay en toile de fond. Passionnant.Pourquoi avoir choisi de retracer près de cent ans d'histoire de l'Uruguay à travers cette saga??L'Histoire ne se raconte pas uniquement dans les livres d'école. Elle a un impact sur les événements politiques et les situations personnelles. Je voulais raconter « l'histoire invisible » de ce pays, qui est véritablement unique. À l'inverse de ses voisins le Brésil et l'Argentine, jusqu'à la moitié du XXe siècle, l'Uruguay était un modèle de stabilité démocratique en Amérique latine. La dictature a été un choc pour tout le monde. Ça m'émeut de savoir que les gens dans le monde découvrent cette histoire à travers mon roman.Que représentent, pour vouis, Pajarita, Eva et Salomé, les principaux personnages du roman??Elles sont complètement fictionnelles. Mais bien évidemment, je me suis inspirée de certaines personnes, à force d'avoir entendu les histoires familiales. Ainsi Pajarita ressemble beaucoup à l'une de mes arrière-grands-mères, mariée à un Italien et venant de la campagne. Eva m'a été inspirée par ma grand-mère, qui était une poétesse et qui, comme le personnage de mon livre, défiait les conventions. Quant à Salomé, la plus jeune, c'est en réalité l'histoire d'une amie de lycée de ma mère, devenue une Tupamara - une révolutionnaire s'opposant à la dictature et prônant l'action directe - à l'adolescence et qui a fini en prison, tout comme mon héroïne.Vous êtes née en Angleterre, avez grandi en Suisse et aujourd'hui vous vivez en Californie. Votre prochain livre est sur la dictature argentine. Pourquoi écrire autant sur un continent dans lequel vous n'avez jamais vécu??J'ai grandi dans trois pays différents, dans lesquels personne ne savait placer l'Uruguay sur une carte, ou même que ce pays existait. Pour moi, écrire sur l'Uruguay, ou sur l'Amérique latine, c'est me reconnecter à ce continent. C'est assez étrange la manière dont vous pouvez porter un pays en vous sans finalement jamais l'avoir côtoyé. Écrire cette histoire, c'est une façon pour moi de recréer des liens. Ce livre, c'est une énorme lettre d'amour à mon pays.Aujourd'hui, vous sentez-vous plus américaine ou uruguayenne??Je suis avant tout américaine, mais les deux cultures sont en moi. Je suis comme un poisson qui nagerait entre deux eaux.Propos recueillis par Marine Cluet
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.